The Subway

Lors de notre précédent voyage, Zion avait été mon incontestable coup de cœur. Couleurs incroyables, reliefs escarpés, randonnées uniques voire carrément mythiques…. Zion avait déjà tout. Le parc cachait pourtant d’autres mystères, de ceux qui restent sagement blottis dans un coin de la tête, dans l’attente d’être découverts. Au fond du canyon, le Subway patiente, protégé par les rangers et par des heures de randonnée. Cette fois, ni les kilomètres, ni la chaleur ne sont les plus grand remparts. Cette fois, nous ne pouvons compter que sur notre bonne étoile.

Soucieux de préserver cet endroit unique, le National Park Service a en effet imposé l’obtention d’un permis délivré par un système de loterie. Deux chances sont données aux visiteurs: 3 mois et quelques jours avant la randonnée prévue. L’attente est longue jusqu’à la première réponse… négative. On retente notre chance un soir, en se branchant sur le wifi d’un bar bruyant, après une journée désespérément pluvieuse. On retente et on oublie presque. Il fait déjà nuit quand, quelques jours plus tard, on allume l’ordinateur pour découvrir un mail du parc national. Une douce euphorie règne alors dans notre chambre de motel: le miracle s’était produit, nous avions un permis !

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3 juillet 2018

Notre bonne étoile brille toujours au dessus de nos têtes et nous garantit une météo sans risques orageux. Une longue randonnée nous attend et le thermomètre, en revanche, a vite tendance à s’emballer ces jours ci. Le soleil est donc à peine levé quand nous prenons la route, permis en poche, sac à dos chargés et impatients de dévaler le sentier. L’itinéraire du Subway étant peu balisé, on sort le GPS et la trace téléchargée la veille, trace qui nous entraine sur un chemin plein de sable jonché de roches noires. On suit bêtement ce chemin improvisé jusqu’au bord du canyon. Sous nos pieds, le vide: une falaise abrupte et pas la moindre trace de piste. On hésite mais il nous faut finalement faire demi tour et tourner en rond un moment pour retrouver le bon chemin.

La balade serpente doucement le long des falaises, dans un silence reposant. Rapidement, le chemin devient plus raide et l’on aperçoit finalement, en contre bas d’un champ de pierre particulièrement abrupt, quelques randonneurs. Avec prudence, nous suivons cet improbable circuit, les jambes bientôt pleine d’une poussière rosée. Ce n’est qu’une fois arrivés en bas, indemnes, que l’on commence à s’inquiéter du retour. Ces pensées sont cependant vite balayées par le décor, charmant et tranquille.

Le cours d’eau est bordé d’herbes vertes et hautes, parsemées de fleurs jaunes. Il court entre des roches de toutes tailles et de toutes formes, partagées entre les nuances de roses et de gris. Ici, impossible de se perdre: il suffit de remonter le lit de la petite rivière sur des kilomètres. Si la randonnée n’a rien de vraiment difficile, elle n’est pas pour autant particulièrement reposante: on passe régulièrement d’une rive à l’autre en escaladant chaque fois de nouvelles pierres ou en s’aventurant dans les herbes hautes. On croise à nouveau le petit groupe de randonneurs puis plus rien. Nous sommes seuls au monde au cœur de Zion.

Le lit de la Left Forkof North Creek s’élargit à mesure que le soleil grimpe dans le ciel. Les falaises prennent des couleurs plus vives accentuées par un fond bleu sans nuage. Bientôt, le sable disparait et l’eau file directement sur la roche. Nous voilà donc les pieds dans la rivière, le chemin ayant complètement disparu. De petites cascades apparaissent finalement, marquant un réel tournant dans la balade. Les arbres prennent de la hauteur, la roche s’arrondit, le canyon devient subitement plus étroit.

On avance le nez en l’air, tout petits au pied de ces falaises qui se rapprochent toujours plus. Un virage, un autre et, enfin, on aperçoit les rondeurs du Subway. Les lumières du canyon se reflètent dans l’eau presque stagnante devant l’entrée des lieux et la douce euphorie de la loterie gagne à nouveau les troupes. Il n’existe sans doute pas, à cet instant, de randonneurs plus privilégiés que nous, seuls devant une merveille que peu on la chance de découvrir.

On s’avance tout doucement vers l’entrée du tunnel, avançant à pas de loup sur la roche polie par les années. Les parois du Subway cache une succession de piscines naturelles à l’eau bleutée translucide. Le chemin s’arrête ici, dans ce décor incroyable baigné de soleil. Par curiosité, et sans doute pour prolonger un peu le plaisir de la découverte, on dépose toutes les affaires aussi haut que possible avant de partir à la nage dans le dédale des derniers bassins. Alors que la fraicheur saisit instantanément chaque muscle immergé, on avance en riant bêtement, insensible à ce léger détail. Après quelques virages, une cascade d’eau glacée nous accueille dans le dernier bassin. Les plus courageux se glissent dans une étroite faille entre deux rochers pour se laisse asperger par la Keyhole Falls, dernière étape du voyage.

Un peu à contre cœur, on finit par rebrousser chemin, détrempés mais ravis de cette expérience insolite. Un immense tronc d’arbre posé en travers de blocs rocheux non moins imposants nous héberge le temps d’une pause déjeuner, pieds dans l’eau et seulement entourés de quelques papillons. On y passe un long moment, à la fois pour profiter de l’endroit et pour retarder l’instant où il faudra à nouveau crapahuter sous un soleil brulant…

Il nous faudra plus d’une heure de marche pour retrouver l’abrupte descente pleine de roches traversée à l’aller. Peu convaincus, on finit par s’y engager avec une extrême prudence de peur de faire rouler des pierres à chaque pas. Ce n’est qu’une fois arrivés au sommet qu’un couple, qui nous observait étrangement, nous a demandé pourquoi nous n’avions pas emprunté le chemin. On se regarde, sans un mot, perplexes… en voilà une bonne question. Le dernier kilomètre qui nous sépare de la voiture a des airs de promenade de santé après cette remontée chaotique. Tout en marchant, on se promet intérieurement de ne plus jamais suivre des randonneurs ou des traces GPS aveuglement à l’avenir. A l’arrivée, les bouteilles d’eau, soigneusement économisée sur le chemin, sont rapidement vidées. Notre petit SUV climatisé fait soudainement figure d’oasis et nous roulons vers un repos bien mérité.

Après une courte pause à l’hôtel, juste le temps de retrouver un aspect présentable, nous partons sur la magnifique route 9 qui longe la Virgin River en direction de Springdale. Une petite table nous y attend en terrasse, survolée par de minuscules colibris. Quand quelques deers traversent la route entre deux tintements de verres, on se dit que Zion a résolument tout pour plaire.

20180703 (83) - copie

Coté pratique

Le logement

Super 8 by Wyndham Hurricane Zion National Park, 65 South 700 West, Hurricane, UT 84737
Chambres spacieuses, piscine et petit déjeuner inclus avec machine à gaufre. Emplacement idéal pour se rapprocher de Zion à un prix raisonnable.

Les visites

Zion National park – The Subway – 15km aller retour, environ 6h.
Pass America the Beautiful accepté, Tous les documents pratiques pour le parc sont ici: https://www.nps.gov/zion/planyourvisit/maps.htm
Les inscriptions pour la loterie du Subway ont lieu ici: https://zionpermits.nps.gov/lotteryapply.cfm
Ne pas oublier de vérifier la météo, capricieuse à Zion: personne n’aimerait se retrouver dans le Subway pendant un orage…

Les repas

Spotted Dog Cafe, 428 Zion Park Blvd, Springdale, UT 84767-7701
On se régale de plats un peu plus fins que d’habitude et desserts faits maison sur une terrasse où les colibris volent au dessus de nos têtes. Les deers du parc se promènent sur le trottoir qui longe le restaurant : magique !

Kanarra Falls

2 Juillet 2018

Réveillés relativement tôt ce matin là, nous sortons du motel les bras chargés de bagages quand nous remarquons des dizaines de montgolfières aux formes originales et colorées qui grimpent dans le ciel. Elles surgissent de toute part, derrière les hôtels voisins, avant de s’élever dans un décor bleu sans nuage. Sur cette belle image, on reprend la route pour les profondeurs de l’Utah.

Dans une campagne verdoyante, on emprunte des routes où nous sommes les seuls voyageurs. Notre petit SUV tangue sur un dernier chemin tout cabossé et plein de poussière qui nous indique l’arrivée. Perdue dans des champs d’herbes hautes, dans un carré de terre et de sable, Meadow Hot Spring accueille déjà deux familles. Des gamins sautent dans l’eau profonde, d’autres plongent pour observer le fond. On s’installe sur les bords de ce bassin naturel à peine aménagé, lunettes sur le nez, baignant dans une eau aussi chaude que celle d’un jacuzzi. Une petite fille nous apporte des fleurs pour s’excuser de nous avoir éclaboussé avant de quitter les lieux avec sa tribu. L’endroit est calme, sans bruit, loin de tout. On y reste un bon moment, profitant de cette atmosphère paisible avant de quitter l’eau à regret pour reprendre notre chemin.

Le parking bondé de Kanarra Creek n’a rien d’encourageant. Une fumée épaisse qui s’élève à l’horizon nous rappelle que le risque d’incendie est bien présent dans le secteur. Partout, on nous rappelle que la randonnée se fait à nos risques et périls et que nous sommes susceptibles de croiser des serpents peu amicaux.  Seule la météo clémente semble nous protéger des flash floods.

Les randonneurs de tout âge sont pourtant relativement nombreux à s’engager dans le chemin de terre sous un soleil de plomb. Les premiers kilomètres n’ont rien de très original, on avance doucement sur un sentier sans grand dénivelé au milieu des arbres et de poussière rose. Un changement de décor s’annonce aux première notes du clapotis de l’eau en contre bas où Kanarra prend des allures d’oasis. Désormais, on marche directement dans l’eau claire de la rivière. Quelques pierres roulent sous nos pieds et l’eau fraîche est particulièrement bienvenue.

En à peine une heure, le chemin devient plus étroit et les premières falaises rosées apparaissent. Les slot canyons ont un petit quelques chose de magique, on y avance une main courant sur la pierre polie par l’eau et le vent, intrigués par chaque virage, émerveillés par le jeu des lumières sur la roche. Un vent frais court au dessus de l’eau,  portant les voix des randonneurs bientôt couvertes par le bruit des cascades. La première, sans doute la plus connue et la plus photographiée, se dresse soudain devant nous. Un rondin de bois et un bout de ficelle ont été installés en guise d’échelle et permettent de poursuivre la randonnée une fois arrivés au sommet. Pour certains, ce passage relève carrément de l’expédition: on croise une famille avec un porte bébé sur le dos que l’on regarde descendre le long de l’eau avec inquiétude…

Le premier obstacle franchit, la randonné se poursuit dans un secteur plein de lumière. La chaleur des rayons du soleil et la fraicheur de l’eau sur la peau sont un vrai bonheur. L’espace de quelques minutes, les autres randonneurs ont disparu. On s’installe alors un moment pour se baigner dans de petits bassins accessibles par des toboggans naturels. Arrivés à la seconde cascade, la solidité de l’échelle nous fait douter: un tronc d’arbre, plus léger, est installé contre la falaise mais seuls trois échelons, dont deux vacillants, ont été posés dessus. Inquiets de ne pas pouvoir redescendre sans se blesser, on finit par se résigner à faire demi tour, comme tous nos voisins subitement réapparus. Le retour est plus calme, plus doux aussi, le soleil s’étant enfin décidé à nous laisser un peu de répit. Trempés mais ravis du périple, nous regagnons le motel d’Hurricane pour une bonne nuit de sommeil. Demain, l’immense Zion nous attend.

Coté pratique

Le logement

Super 8 by Wyndham Hurricane Zion National Park, 65 South 700 West, Hurricane,

Chambres spacieuses, piscine et petit déjeuner inclus avec machine à gaufre. Emplacement idéal pour se rapprocher de Zion à un prix raisonnable.

Les visites

Meadow Hot Springs
Accès gratuit, le lieu fonctionne sur la base de dons. Pour trouver la source d’eau chaude:

  1. Rejoindre I-15 S/I-80 E
  2. Rester à gauche à l’embranchement pour continuer sur I-15 S
  3. Prendre la sortie 158 pour State Route 133 en direction de Meadow Kanosh
  4. Prendre à gauche sur UT-133 S
  5. Tourner à droite

Kanarra Falls
Depuis Saint George, prendre l’autoroute I-15 en direction du Nord puis la sortie 42 en direction de Kanaraville. Aller au bout de E 100 N Street.
Depuis le 1er mai 2018, il est nécessaire d’acheter un permis pour faire la randonnée soit sur place, soit sur le site internet dédié. Les billets sont contrôlés à l’entrée (9$).

Salt Lake

01 juillet 2018

Loin des moustiques de Grand Teton et du mauvais temps de Yellowstone, nous voilà de retour en Utah et en plein choc thermique, au cœur du désert aride où plus rien ne semble vivre. Au bout d’une route infiniment droite et sans relief, une station essence brille comme un mirage et ouvre les portes d’un lieu étrange: Bonneville Salt Flats. Une immensité de blanc s’étend à la fin de l’asphalte, hypnotisante et éblouissante. On roule sur une épaisse couche de sel lissée par le vent un petit moment, droit devant nous, les fenêtres ouvertes et le visage balayé par un air chaud et salé. On perd vite les repères, les notions de distance et de temps. Aucun endroit ne semble être plus hors du monde que celui ci.

En sortant, le sel craque et colle sur la peau et sous les baskets. On sautille comme des enfants, amusés par ces nouvelles perspectives, charmés par l’impression de pouvoir voler dans les airs. D’autres voitures apparaissent finalement au loin, défilant à toute vitesse en projetant des nuages de poudre blanche. On s’approche pour découvrir le début d’une des nombreuses courses organisées sur la célèbre Bonneville Speedway où musique, bières, barnums et moteurs qui grondent donnent le ton. Un vrai bout d’Amérique dont on se souviendra longtemps.

Au beau milieu de rien, entourée de déserts arides dans la veine de Bonneville, surgit Salt Lake City. Le berceau de l’église Mormone est impeccable, fendu de grandes avenues aux buildings imposants et à l’atmosphère calme. Les immenses artères sont presque vides, tout juste traversées par quelques touristes. Seule Temple Square est animée. Des familles entières et endimanchées se promènent dans les allées, près des temples et du visitor center. Dans ce décor lisse, on nous regarde étrangement avec nos shorts, nos traces de sel collées aux jambes et nos sacs à dos trop chargés. Il faut admettre que l’on fait tâche parmi toutes ces jolies robes et ces chemises blanches impeccables…

Temple Square est bordée d’un quartier résidentiel verdoyant où de jolies maisons de briques s’alignent sagement. Tout parait impeccable et rien ne bouge, pas une voiture, tout juste quelques piétons. On grimpe au sommet de la colline qui abrite un parc ombragé cerclant le Utah State Capitol, sorte de mini Washington immaculé. L’intérieur a, comme le reste de Salt Lake City, un goût de carton pâte: trop propre, trop calme, trop vide. On regrette un peu d’être venus un dimanche tout en soupçonnant que le reste de la semaine est à peine plus animé.

Coté pratique

Le logement

Super 8 by Wyndham Provo BYU Orem, 1555 North Canyon Road, Provo, UT 84604

Un motel classique équipé de chambres plutôt spacieuse et d’une grande piscine !Petit déjeuner inclus.

Les repas

The cheesecake factory, 65 Regent St, Salt Lake City
Pour un morceau de cheesecake au choix parmi une carte impressionnante.

Canyonlands

20 juin 2018

3h45. Le réveil sonne dans la chambre de notre motel sans âme. Il fait nuit noire dehors. On boucle les valises en vitesse avant de charger la voiture et de glisser les clés sous la porte de la réception. Direction Canyonlands National Park… ou presque. Pas bien réveillés, on réussit à se tromper de route. Vingt minutes de détour et du stress de bon matin… pas le temps de se perdre, nous avons rendez vous avec le soleil. Une fois sur le bon chemin, on guette avec inquiétude les étoiles qui s’effacent une à une dans le ciel bleuté. Le temps file et la route est encore longue. Dans le rétroviseur, la lumière du jour dessine les contours des montagnes de La Sal avant de les colorer complètement. Curieusement, nous ne sommes pas les seuls sur la route ce matin là. Ça roule sur le bitume parfois tortueux de Canyonlands, ça roule plutôt vite d’ailleurs car le soleil n’attend pas. On hésite, on regarde par la fenêtre le ciel s’éclaircir et on pense un moment qu’on arrivera jamais à temps. Au bout de cinquante interminables minutes, le parking de Mesa Arch apparait enfin. On y croyait plus. Les sacs sont chargés négligemment sur le dos sans prendre le temps de trier quoique ce soit et nous voilà partis au pas de course sur le trail sans un regard pour le paysage, animés par un seul objectif: être à l’heure.

Il est presque 5h30 quand nous arrivons devant l’arche où une vingtaine de photographes, armés de trépieds, attend déjà. On cherche le meilleur angle de vue aux places disponibles, on fait des tests de clichés et je finis par glisser sur les genoux entre les trépieds, calée entre 3 sacs à dos et la tête baissée pour ne pas gêner. D’autres amateurs de levers de soleil arrivent au compte-gouttes et tout ce petit monde finit par former une foule compacte. Les retardataires un peu trop ambitieux tentent de se frayer un chemin au plus près de l’arche et se font sévèrement reprendre. L’envers du décor…. Le soleil est annoncé à 5h56, ses premiers rayons ne peignent pourtant la roche qu’une dizaine de minutes plus tard. La scène prend des couleurs, montagnes et canyons se dévoilent au fil du temps. Il n’y a plus que le bruit des appareils qui déclenchent, le temps s’est figé. A 6h30, la foule se dissipe. Nous sommes seuls face à l’arche encore baignée par les rayons chauds. Nous y restons près d’une demi heure, seuls face à ce décor incroyable à grignoter distraitement notre petit déjeuner sous une lumière irréelle. Le réveil difficile est déjà presque oublié.

Un arrêt au visitor center nous permet de trouver le départ d’une randonnée éloignée des sentiers habituels. Le False Kiva Trail n’est pas indiqué sur les plans remis à l’entrée du parc et il nous faut noter les explications du ranger pour l’atteindre. Encore quelques minutes de voiture et le chemin, marqué uniquement par des cairns, se dessine dans la poussière entre les buissons épineux et les cactus. On amorce rapidement la descente avant de s’engager dans des amas de pierres rosées. Au cours de la balade, la vue s’ouvre en grand sur le canyon. On avance rapidement, un peu abrités du soleil, et il ne nous faut qu’une demi heure pour atteindre la kiva perchée dans une alcôve creusée dans la falaise. Au dessus de nos têtes, nichées dans d’immenses blocs de grès, les hirondelles vont et viennent en chantant.

On grimpe un peu au hasard dans les cailloux qui roulent sous nos pieds pour atteindre le fameux cercle de pierres. Perchés sur notre belvédère naturel, on reste un moment là à se demander qui a bien pu vouloir s’installer dans un endroit si peu accessible. Fatalement, ça grimpe sur le chemin du retour. Même à 10h, le soleil brûle déjà la peau. A force de marcher le nez en l’air, on perd un instant de vue les cairns. En un clin d’œil, on s’écarte du chemin, on tourne en rond plusieurs fois avant d’escalader la roche pour espérer retrouver la route. En moins de trois quarts d’heure, on regagne tout de même notre voiture à la carrosserie et au volant brûlants.

A l’extrémité d’Island in the Sky, la partie la plus accessible du parc, Grand View Point est sans doute le point de vue le plus prisé du parc. Entièrement aménagé, il offre un panorama très dégagé sur le sud de Canyonslands et les méandres de la Green River et du Colorado, souvent dissimulés par les falaises. On opte pour le sentier tracé le long de la rive sur quelques kilomètres et qui permet de découvrir la vue sur l’autre versant. Étonnamment, on se lasse assez vite de cette balade tout plate et fréquentée. On s’y promène un peu plus d’une demi heure et on repart finalement assez vite. A quelques centaines de mètres du point de vue, une petite aire de pique nique nous offre une ombre appréciable. D’énormes corbeaux y ont élu domicile et volent autour des tables à la recherche de quelques restes oubliés. Le thermomètre s’affole toujours et nous quittons l’Utah sous une atmosphère étouffante. De nouvelles aventures nous attendent dans le Colorado !

Coté pratique

Le logement

Cortez Mesa Verde Inn, 640 South Broadway, Cortez, CO 81321, États-UnisUn motel qui ne paie vraiment pas de mine depuis l’extérieur. Les chambres sont pourtant propres, plutôt spacieuses et conformes à ce que l’on attend d’un motel. Piscine accessible et petit déjeuner inclus dans le prix de la chambre. Sans doute un des hôtels les moins chers de Moab.

Les visites

Canyonlands National Park
Pass America The Beautiful accepté. Se lever tôt pour éviter la chaleur… rude en plein après midi.
False Kiva Trail n’est pas indiqué sur le prospectus de Canyonlands, il est en revanche indiqué par les rangers dans le visitor center. Compter une demi heure de descente et 40 minutes pour remonter en suivant attentivement les cairns.

Arches

18 juin 2018

Après un détour à l’hôtel de Moab, nous voilà partis un peu rapidement vers Arches. La route est magnifique avec ses virages ouvrant dans un décor sans fin. Le soleil décline un peu et il est presque 19h30 quand nous laissons la voiture au Wolf Ranch où, joie du mois de juin, nous trouvons facilement de la place.  Les marcheurs sont nombreux à quitter Delicate Arch mais nous ne grimpons pas seuls pour autant. Le chemin est bien balisé sur un petit kilomètre avant de se poursuivre directement sur la roche rosée de l’amphithéâtre. Ça grimpe plus que prévu et il nous faut près de ¾ d’heure pour atteindre Delicate.

Le soleil décline déjà. Une file d’attente se dessine pour se faire prendre en photo sous l’arche au grand désespoir des photographes de paysage qui s’arrachent les cheveux. Le décor est tout en courbe, en douceur. On y reste un long moment à observer les couleurs changeantes et les visiteurs qui s’agitent. On reste d’ailleurs jusqu’à ce que la nuit tombe. Les étoiles apparaissent les unes après les autres et finissent par peupler le ciel. La lumière de la lune éclaire faiblement l’amphithéâtre dont la pierre renvoie la chaleur de la journée, le vent frais est tombé et il ne reste qu’à se perdre dans ce ciel bleuté.

19 juin 2018

Après avoir grignoté des pancakes et d’improbables muffins lourds comme des boules de pétanque sur le bord d’un canapé, notre départ tardif pour Arches se solde par une longue file d’attente à l’entrée du parc national. Il ne nous avait fallu que deux jours pour oublier le concept même de foule. Passée l’entrée, le trafic se fluidifie rapidement et on circule à nouveau sur la magnifique scenic drive flambant neuve. Comme la veille, on emprunte l’unique voie du parc qui court à travers d’abruptes falaises de roche rouge qui sentent bon le western. Les premières arches apparaissent au bout de la route, à l’approche de Devil’s Garden, où il nous faut faire 3 fois le tour avant de trouver une place de parking. L’espace d’un moment, on s’inquiète un peu pour la suite.

A l’entrée du sentier, un panneau rappelle à l’ordre les visiteurs: Heat kills…. le ton est donné. Les deux premiers kilomètres du chemin forment pourtant un sentier balisé et accessible à tous. Un petit détour mène à Pine Tree Arch, entourée de cyprès, avant de poursuivre vers Landscape Arch qui illustre à elle seule toute la fragilité et la finesse du parc. Tout ici semble avoir sculpté avec précaution, façonné par le temps et marqué par les éléments. La randonnée se poursuit alors en pataugeant dans le sable rosé qui colle à la peau et aux baskets jusqu’à atteindre la roche.

Un premier pan de roches gravi nous conduit à un second, puis un troisième et ainsi des suite jusqu’à atteindre un plateau offrant une vue panoramique sur le parc. Derrière ses reliefs anarchiques, on découvre presque avec surprise une immense étendue désertique, désespérément plate et poussiéreuse sur des kilomètres. Les visiteurs se sont dispersés, refroidis par les montées parfois un peu raides. On serpente dans les rochers, guidés par une série de petits cairns rosés. Une douce chaleur émane du sol et chauffe la peau balayée par le vent. L’odeur des pins portée par les courants d’air accompagne notre périple jusqu’à la Double O Arch, toute en rondeur, où l’on s’accorde une petite pause. Un écureuil tourne autour de nos barres de céréales avec envie et guette les rares zones humides pour se rafraichir un peu.

On poursuit finalement notre route sur le primitive trail toujours plus sablonneux et bien moins balisé ce que nous avons déjà traversé. Les cairns sont partout et finissent par nous induire en erreur tout comme deux autres petits groupes. On tâtonne, on grimpe, on renonce plusieurs fois avant de retrouver le sentier. Les derniers kilomètres nous font un peu payer notre arrivée tardive: le soleil est au plus haut et brûle la peau. Dans une sorte de désert bordé d’arbres morts, on cuit, littéralement, jusqu’au parking, toujours bondé.

Avant de quitter le parc, on s’attarde un peu dans la section des Windows où la concentration d’arches est plus importante que dans le reste du parc. Un court sentier mène aux North et South Windows ainsi qu’à la Turret Arch. Ici, on vient surtout prendre la photo de carte postale et il suffit de quelques minutes pour atteindre les arches depuis un immense parking où sont garés quelques bus. Un peu plus loin, l’ombre de la colossale Double Arch offre un peu de fraicheur. On prend la mesure de ce monument à mesure que l’on s’avance sur le chemin tout en levant les yeux. Au cœur de l’arche, on finit par grimper à même la pierre jusqu’à la plus haute mais aussi la plus étroite des fenêtres. Juchés sur un mur de roche, une bourrasque nous balaie le visage alors que l’on passait à peine la tête par l’ouverture. En rouvrant les yeux, le vide apparait sous nos pieds et le regard se pose au loin vers les dunes colorées. Face à nous, Arches, terre de contrastes, s’étend encore jusqu’à l’horizon.

Coté pratique

Le logement

Apache Motel, 166 Fourth E St, Moab, UT 84532
Un motel quelconque mais aux tarifs abordables ce qui n’est pas fréquent à Moab !

Les visites

Arches National Park
Pass America The Beautiful accepté. Selever tôt pour éviter la chaleur ! Randonnée complète de 10km, compter 3h avec pause pique-nique et photos.

Les repas

Pasta Jay’s, 4 S Main St, Moab, UT 84532-2503
Un restaurant italien situé en plein cœur de Moab et équipé d’une imposante terrasse. Les plats de pâtes sont  gargantuesques et plutôt bons.

De Capitol Reef à Goblin

18 juin 2018

Comme la veille, sur la route de Capitol Reef, on ne peut résister à plusieurs arrêts pour observer la roche aux nuances de couleurs changeantes sous les rayons du soleil qui chauffe doucement. A notre grande surprise, on croise nos premiers bisons et leurs petits qui évoluent paisiblement dans les prairies. Quelques kilomètres plus loin, les cerfs mulets se baladent dans les champs autour de la rue principale bordée de saules de la petite ville de Torrey. L’Ouest et sa faune s’éveillent.

Une fois passé le Visitor Center, la scenic drive, qui justifierait à elle seule une visite, nous entraine vers le fond du parc. On longe la roche, de plus en plus près, jusqu’à s’enfoncer dans le canyon, seuls ou presque. La route devient plus étroite à chaque virage et se termine par un chemin de terre qui file jusqu’à Capitol Gorge. Au bout du chemin, on opte pour un sentier courant entre les parois colorées du canyon qui s’élargit au fil du temps. On grimpe jusqu’aux tanks, asséchés à cette saison, avant de revenir tranquillement à la voiture, couverts de poussière rosée et charmés par cette première escapade.

Notre périple reprend sur la highway 24 qui marque un brusque changement de paysage. Les mille couleurs de Capitol Reef ont fait place à des montagnes de gris, fendues d’une unique route. Sur des dizaines de kilomètres sans vie, on se croirait perdus sur la Lune. Quelques oasis de verdure réapparaissent finalement  sur le chemin de Hanksville, petite ville étape pleine de sable et de poussière qui permet la bifurcation vers le nord. Là, des plaines à perte de vue débouchent sur de curieuses montagnes colorées. Dans cette Amérique sauvage, sous les notes de Queen qui s’échappent par la fenêtre, on perd la notion du temps et des distances.

L’arrivée au Goblin State Park nous réveille brusquement. A Observation Point, une horde d’adolescents parient bruyamment sur un jeu de cartes sans prêter la moindre attention au paysage qui les entourent. On s’en éloigne rapidement pour s’engager sur le Goblin Lair Trail. Nos débuts y sont un peu compliqués : le sentier est peu balisé et une partie des marqueurs de direction est tombée. On cherche les traces sur le sol, on rebrousse chemin plusieurs fois avant de trouver la bonne route. Très vite, on patauge dans le sable tout en remettant d’aplomb, un peu comme on peut, quelques marqueurs pour les prochains aventuriers. Les falaises qui bordent la route ont  un aspect curieux, presque factices. Quelques goblins marquent le trajet jusqu’à une dernière montée un peu acrobatique. Un air frais salue l’ascension et on déboule dans une caverne aux murs gravés des noms de nos prédécesseurs. Le retour se fait par le canyon, chaud, sec et toujours plein de ce sable qui colle et qui s’invite partout. On termine la visite en déambulant dans la vallée comme des enfants, grimpant sur les roches douces et chaudes qui paraissent installées là par magie.

Coté pratique

Le logement

Apache Motel, 166 Fourth E St, Moab, UT 84532
Un motel quelconque mais aux tarifs abordables ce qui n’est pas fréquent à Moab !

Les visites

Capitol Reef National Park
Pass America The Beautiful accepté. Compter 45 minutes entre le visitor center et Capitol Gorge. Environ 6 km et 2h avec les photos sur place

Goblin State Park
Entrée 15$ par voiture.

Les repas

Pasta Jay’s, 4 S Main St, Moab, UT 84532-2503
Un restaurant italien situé en plein cœur de Moab et équipé d’une imposante terrasse. Les plats de pâtes sont gargantuesques et plutôt bons.

Retour à l’Ouest

16 Juin 2018

Moins d’un an après notre premier périple, mon fidèle sac à dos et moi même sommes de nouveau à l’aéroport, égayés d’un petit porte-clés élan dont la mission est de nous porter chance. Comme à chaque fois, l’impatience grandit à mesure que les avions roulent sur l’asphalte de l’autre côté de la vitre. Les hôtesses appellent via les micros. Une fois. Deux fois. Trop de fois. Enfin notre tour arrive.

On s’installe, on ferme les yeux et New-York semble apparaitre aussitôt à travers le hublot. On retrouve les pâles silhouettes des gratte-ciels dans la brume bleutée qui recouvre la ville. Le rituel de la douane se passe cette fois sans encombre et on laisse nos valises dans un coin pour notre nouvelle destination. Bientôt l’Ouest.

Vegas est sous nos pieds. On observe les alentours arides et poussiéreux avant de nommer les hôtels du Strip tellement reconnaissables. La clim tourne à plein régime mais l’aéroport est calme et tranquille. Rien à voir avec le souvenir remuant des rues blingbling de l’an passé. Les valises arrivent rapidement. Une. Deux. Cent. Puis rien. Jamais la mienne. La petite maligne est restée à New-York….

17 Juin 2018

Il est 6h et ma valise est là. Comme par magie, elle est apparue dans le hall d’entrée du motel au pied d’une vieille bonne-femme en pyjama. Comme un matin de Noël, je saute comme une enfant. Ma valise est revenue.

On quitte rapidement St Georges après avoir fait le plein de pompotes et de barres de céréales, base de notre régime alimentaire de roadtripers. Une première journée de route débute au travers d’immenses terres désolées, collines verdoyantes ou prairies d’herbes hautes où broutent les troupeaux de nombreux ranchs. Les kilomètres défilent dans le rétroviseur au rythme des camions clinquants et d’innombrables SUVs. Mon copilote immortalise l’instant sous toutes ses formes, de la série d’images un peu aléatoire aux coups de crayons sur son calepin.

Le Red Rock Canyon apparait finalement avec ses terres aux ocres intenses et, soudain, l’Ouest est à nous. L’air chaud s’engouffre par la fenêtre et couvre les notes d’AC/DC. Sur les traces de notre ancien périple, on repasse devant le Ruby’s avant de s’enfoncer dans Bryce. Faute de temps, on se contente d’une traversée en voiture vers le Rainbow Point qui offre une vue sur toute la vallée. Plus loin, sur Inspiration Point, les visiteurs ouvrent grand les yeux devant cet immense amphithéâtre aux formes élancées.

Une petite route perdue dans d’immenses espaces vides nous conduit à Capitol Reef. Nous sommes seuls, incroyablement seuls. A l’approche du parc, d’improbables étendues d’herbe verte bordées de barrières blanches immaculées transforment le décor. On traverse des villes tranquilles au gazon millimétré et aux pots de fleurs bien rangés. En toile de fond, les couleurs de Capitol Reef se devinent déjà. Le pays de la montagne arc en ciel porte bien son nom. Le spectacle offert par la route nous en met plein la vue. Des nuances d’ocre, de rouge, de rose, de gris, de blanc et même de violet s’entremêlent avec harmonie. La végétation de toutes formes se pare d’un camaïeu de vert étonnant. On s’arrêterait tous les 100 mètres pour immortaliser ses reliefs majestueux. A cette heure, le visitor center est déjà fermé. Nous avons juste le temps d’observer les pétroglyphs, vestiges d’un temps passé gravés dans la roche, avant de traverser Fruita et de rejoindre la Gifford Farmhouse.

Tout au long du chemin, les arbres sont chargés de fruits qui manquent encore un peu de soleil. Les branches des plus gros abricotiers que j’ai pu voir croulent sous le poids des fruits. Les cerfs mulets se reposent sous leur ombre ou gambadent par petits groupes sur les chemins désertés. Devant la veille ferme en bois, les marmottes courent dans l’herbe et explorent la bâtisse comme si nous n’existions pas.

Vers 19h, il n’y a plus que le bruit d’un vague courant d’air dans les feuillages. Sous les derniers rayons chauds du soleil, on réalise que l’on est déjà partis très loin…

Coté pratique

Le logement

Aquarius Inn, 292 West Main Street, Bicknell, UT 84715
Un motel classique situé avant Torrey sur la route de Capitol Reef. Pas de petit déjeuner mais piscine et jacuzzi ouverts jusqu’à 23h !

Les visites

Bryce Canyon National Park
Pass América the Beautiful accepté

Capitol Reef National Park
Pass América the Beautiful accepté

Les repas

The Rim Rock Restaurant, 2523 UT-24, Torrey, UT 84775
Des baies vitrées avec vue sur Capitol Reef font le tour de ce restaurant de bois et de pierre. Un bon repas dans un beau décor !

Au cœur des Narrows

4 août 2017

En émergeant ce matin-là, on découvre un temps humide et gris qui nous fait frissonner, le souvenir de notre épopée de la veille revient vite en mémoire. Le temps est cependant idéal pour se réconforter avec un petit déjeuner du Bumbleberry. Bol de lait chaud, bacon croustillant et pancakes nous remettent d’aplomb et on prend la route du visitor center de Zion pour une nouvelle journée de balade. Les orages de la veille ont refroidi l’atmosphère mais pas les touristes qui patientent pour embarquer dans la navette. Nous sommes visiblement nombreux à nous rendre ce matin à l’autre bout du parc, direction Temple of Sinawava.

En descendant de la navette, on comprend vite que les Narrows sont presque aussi célèbres qu’Angels Landing… mais nettement plus accessibles. Tous les visiteurs du parc semblent s’être retrouvés sur place. Bien loin de se préoccuper de la foule, un cerf déambule tranquillement sur l’autre rive et seuls quelques observateurs semblent s’en être rendu compte. Ici, la Virgin River qui traverse tout Zion se faufile dans un canyon étroit. On y accède par le Riverwalk, petit sentier d’un mile qui a des airs de file d’attente. La foule est dense même par ce temps et de nombreux écureuils gravitent autour de tout ce monde. Certains semblent presque obèses à force de grignoter les restes de touristes sans doute trop nombreux. On se glisse parmi la foule avec un peu d’inquiétude et on enfile nos chaussures aquatiques avant de s’avancer doucement dans l’eau. Loin des couleurs bleutées repérées sur les photos, la rivière a tourné au marron après les violents orages. Un frisson court jusqu’en haut du crâne mais l’impression de froid se dissipe finalement assez vite.

On avance d’abord à tâtons mais on apprend vite à circuler à l’aveugle de rochers en rochers. On déambule les pieds dans l’eau et, après quelques centaines de mètres, la foule se disperse. Beaucoup ne viennent finalement que pour le principe et seuls les randonneurs équipés continuent d’avancer. Le calme retrouvé, on prend enfin le temps de lever la tête et la mauvaise impression du début est vite oubliée.

Au cœur du slot canyon, on évolue dans le lit de la rivière entourés de 300 mètres de falaises. Quelques cascades prennent naissance sur ces pans de grès rosés où poussent de verdoyants jardins suspendus à la roche. De petits cailloux roulent sous les pieds, les gouttes d’eau accrochées aux bosquets glissent sur la paroi et le bruit de l’eau anime la scène. Plus on s’enfonce dans le canyon, plus il se rétrécit et plus les falaises paraissent hautes. Le décor est majestueux et l’on se sent soudainement minuscules. Un pas irréfléchi nous rappelle de temps à autre que la profondeur est changeante sur le chemin et on se retrouve parfois, un peu étonnés, avec de l’eau qui frôle les vêtements. Au fond, on se plait bien à patauger dans cette ambiance si particulière. Par crainte d’une nouvelle pluie, on finit cependant par faire demi tour pour regagner le riverwalk qui semble alors bien banal.

De retour au visitor center et le pique nique englouti, on profite d’un peu de temps libre pour flâner dans la boutique bien garnie du centre avant de faire une nouvelle rencontre inattendue dans les allées. Avant de quitter ce parc plein de charme, une dernière randonnée est décidée et le Watchman Trail, moins de 2h en trainaillant, nous semble alors tout désigné. Il nous faudra pourtant un long moment avant d’en trouver le départ (pourtant indiqué… hum).

Le soleil revient au moment où nous découvrons enfin la pancarte du trail. La balade n’est pas spécialement difficile mais monte tout au long du parcours peu ombragé. On retrouve des cactus dans les pentes rocailleuses avant d’accéder à une jolie plateforme d’observation. On y découvre la partie basse du Canyon de Zion tout en devinant, un peu plus loin, les bâtiments de Springdale. Si le chemin n’est pas aussi marquant que nos deux précédentes randonnées, il nous permet de finir notre visite sur une dernière vue panoramique qui, une fois encore, se mérite. Décidément, tout est beau à Zion.

Coté pratique

Le logement

North Shore inn at the Lake Mead, 520 North Moapa Valley Blvd, Overton, NV. 89040
Soyons honnêtes, Overton n’est pas vraiment un lien d’animation. La petite ville est en revanche idéalement situé pour notre première étape du lendemain: Valley of Fire. Le petit déjeuner vaut le détour et la piscine est vraiment appréciable avec la chaleur environnante.

Les visites

Zion National Park
Pass América the Beautiful accepté, Tous les documents pratiques pour le parc sont ici: https://www.nps.gov/zion/planyourvisit/maps.htm

De Bryce à Zion

3 août 2017

Il faut bien l’admettre, notre premier itinéraire prévoyait de faire l’impasse sur Bryce Canyon. Face aux protestations répétées d’une voyageuse avertie, nous avons revu un peu le parcours. Bien nous en a pris… Merci 😉

Partis tôt le matin, nous débarquons sur les rives du Bryce Canyon aperçu la veille. Garés près du Sunset Point, on opte pour une courte randonnée dans cet immense amphithéâtre en combinant le Queens Garden Trail et la Navajo loop. Le chemin descend doucement en serpentant entre les hoodoos de roche rouge, orange et jaune où quelques îlots de verdure tentent de se frayer un chemin. Ces grandes colonnes colorées, joliment appelées cheminées de fées, seraient les restes d’âmes ayant mal agi… bien plus poétique que toute autre explication géologique!

Si tout paraissait assez uniforme vu d’en haut, curieusement, le paysage change au fil de la balade. On traverse ainsi des zones très dégagées où les hoodoos ont laissé la place à d’élégantes dunes colorées, on baisse la tête en passant sous quelques portes creusées dans la roche avant d’atterrir dans d’étroits canyons ombragés. Même avec ses quelques 2000 mètres d’altitude, Bryce n’est pas épargné par la chaleur du mois d’août et la dernière montée, qui permet de quitter l’amphithéâtre, parait un peu raide sur le moment. On ressort de cet univers un peu à part au Sunrise Point où nous attendent de nouveaux écureuils. Chacun grimpe à son rythme et jette un dernier coup d’œil à ce tableau coloré avant de sauter dans la voiture. De nouvelles surprises patientent au bout de la route !

En chemin pour Zion, la circulation ralentit brusquement. A deux doigts de ronchonner, un bref regard au loin dissuade d’émettre la moindre protestation. A quelques mètres de nous, une famille de bighorns traverse nonchalamment la route et se campe en bordure des bosquets. A flanc de falaise, la route tournoie entre les montagnes rosées et déjà l’endroit nous charme. Comme toujours, notre premier arrêt se fait au visitor center afin de vérifier la météo. Dans ces reliefs particulièrement accidentés, des flash floods sont régulièrement craints par les rangers et cet après midi ne fait pas exception. Nous voilà donc contraints de revoir notre programme et de nous lancer plus tôt que prévu dans LA randonnée du parc: Angels Landing.

Angels Landing au Zion National Park, c’est un mythe. 8,7 kilomètres, 450 mètres de dénivelé positif et certainement le trail le plus emprunté de tous les parcs nationaux américains. C’est aussi, pour certains, la randonnée la plus attendue de notre séjour. Réputé difficile, la perspective de réaliser ce trail en plein après midi ne nous enthousiasme pas particulièrement… mais comment renoncer à cet endroit?

Déposés par la navette au bord de la Virgin River, on jette un œil sur le panneau indiquant que huit personnes sont décédées sur le chemin depuis dix ans. Ambiance… Le début de la balade se fait gentiment le long de la rivière sous un soleil finalement assez doux. En arrivant face à la montée, une surprise inattendue nous attend: de l’ombre ! On monte en regardant le sol pour éviter de se rendre compte du dénivelé et, finalement, au bout du premier kilomètre, la vue sur le canyon récompense les premiers efforts. Encore un peu de grimpette avant de pénétrer dans un canyon étroit assez justement baptisé Refrigerator Canyon. Dans le fond, le sable et les débris de bois laissent deviner les traces des derniers orages. Alors qu’on s’habituait presque au plat, les 21 virages de Walter’s Wiggles se dressent devant nous. 21 virages, ça m’évoque l’Alpe d’Huez et les coureurs cyclistes arrivant au bout de leur vie sur le rond-point des pistes. Pas tout à fait une promenade de santé… et pourtant, on arrive au Scout Lookout sans souffrir ou presque. On commence même à se dire que le changement d’horaire était la meilleure chose qui pouvait arriver. Un premier point de vue nous attend… tout comme le dernier kilomètre qui se dresse littéralement face à nous.

Le dernier kilomètre justifie à lui tout seul la réputation de cet endroit. Des chaines courent le long d’un chemin plus ou moins étroit, légèrement entouré de vide sur 150 mètres de dénivelé. Par chance, nous ne sommes pas dérangés par l’affluence de randonneurs et une bonne moitié s’arrête au Lookout. On crapahute directement sur la roche en partageant parfois le chemin avec d’autres aventuriers. On grimpe sans se soucier du vide et on se sent finalement plutôt en sécurité. En arrivant au sommet de l’ultime crête, le panorama offert donne sur tout le parc. Avec une émotion un peu particulière, on admire ce tableau coloré en imaginant que, à bien y penser, les anges pourraient réellement atterrir ici. Angels Landing c’est beau, c’est grand, c’est magique.

Par hasard, en pleine observation, un éclair fend l’air et nous sort de notre rêverie. Le ciel s’assombrit brusquement. Encore perchés au sommet de notre crête, on remballe rapidement les appareils photos et les sacs à dos pour faire le chemin inverse. Les couleurs sont belles à l’annonce de l’orage mais nous ne pouvons pas prendre le risque de flâner. De retour au Scout Lookout, on file au pas de course dans les séries de virages. Dans le canyon, un vent frais circule et simule le bruit d’une vague. On se retourne, un peu inquiets par la perspective de voir des trombes d’eau dévaler la roche. Alors que l’on se presse, quelques inconscients continuent de grimper vers le sommet sans se préoccuper le moins du monde du ciel noir qui couvre désormais nos têtes.

L’orage éclate au moment où l’on s’installe dans la navette. Des trombes d’eau s’abattent sur Zion, la poussière rouge emportée par l’averse glisse sur la route et les téléphones vibrent: le parc envoie un message d’alerte à tous les visiteurs en les invitant à se mettre à l’abri au plus vite. Quelques sirènes retentissent: les rangers et les secours se pressent vers les Narrows où nous devions passer l’après midi. Une petite rivière s’est formée devant notre hôtel où presque 10 cm d’eau circulent. Il faudra plus d’une heure pour que le temps se calme. Installés au chaud et une fois sec, on se félicite finalement d’avoir changer nos plans… Aucun doute, Zion se mérite.

Coté pratique

Le logement
  • Bumbleberry Inn, 97 Bumbleberry Lane, Springdale, UT 84767

Excellent petit déjeuner pris dans le restaurant voisin. Piscine et salle de sport à disposition (s’il vous reste encore de l’énergie)

Les visites
  • Bryce Canyon National Park

Queens Garden Trail et Navajo loop: boucle de 5 km. Seule la remontée tape un peu dans les jambes et il n’y a pas d’ombre.
Pass América the Beautiful accepté, Tous les documents pratiques pour le parc sont ici: https://www.nps.gov/brca/planyourvisit/maps.htm

  • Zion National Park

Pass America the Beautiful accepté, Tous les documents pratiques pour le parc sont ici: https://www.nps.gov/zion/planyourvisit/maps.htm

Slot Canyon et rodéo

2 août 2017

Il n’est pas encore 8h30 quand nous arrivons à Antelope Canyon, déjà tout barbouillés de crème solaire et cachés sous les chapeaux et lunettes de soleil. Nous partons pourtant ce matin dans le cœur d’un slot canyon, creusé par le vent et le sable dans la roche au fil des années. Deux choix s’offraient à nous: Upper canyon, le plus populaire et donc fréquenté ou Lower canyon, le plus exigu et le plus escarpé. Sans la moindre hésitation, nous optons pour le second choix en espérant profiter du lieu plus calmement.

Armés de nos réservations anticipées, on récupère nos billets avant d’aller patienter au bord d’une faille que l’on distingue à peine depuis la surface. La file d’attente a un côté Disneyland et, malgré les billets à horaires fixes réservés, on reste là un bon moment avant de pouvoir descendre. La plupart des guides sont emmitouflés dans des vêtements sombres, camouflés des pieds à la tête pour se protéger du soleil. On ne peut s’empêcher de les plaindre en pensant à la température qu’il doit faire sous ce tas de vêtements. Notre accompagnateur profite de l’attente pour nous expliquer la formation du canyon avec un peu de sable et de l’eau. Un peu plus loin, le son d’une flute accompagne une nouvelle arrivée de petits groupes.

Notre tour arrive et on reste sagement plantés devant, collés au guide. On se félicitera toute la visite de ce petit moment stratégique qui nous a permis de faire la plupart des photos souhaitées sans être gênés. Un escalier de métal nous amène sous la surface et une échelle marque le dernier point d’accès au canyon. On se bouscule un peu une fois en bas, le temps que chacun retrouve son groupe et avance à son rythme. Les visiteurs restent le nez en l’air et les yeux grands ouverts devant cet univers onirique. Enfin, la visite commence.

On s’enfonce dans le canyon en déambulant entre ses parois toutes en rondeur arborant des nuances de beige, de jaune, d’orange, de rouge et de rose. La lumière est plutôt vive mais varie d’un recoin à l’autre au fil de l’inclinaison de ces masses de grès sculptées. Les roches forment des vagues au profil parfois curieux. Dans les hauteurs, quelques troncs d’arbres sont encore vissés dans la roche, vestiges des dernières inondations liées aux orages. A mesure que l’on avance, le chemin se rétrécit et on ne peut souvent avancer que l’un à la suite de l’autre. Prisonnier de ces roches ondulantes formant un décor un peu magique, on finit par perdre la notion du temps. On retrouvera finalement le soleil plus d’une heure après, encore charmés par ce lieu insolite.

Pas du tout dans les temps prévus en début de journée, on débarque à Bryce Canyon vers 16h. Sur le bord de la route, quelques rencontres nous surprennent et on retrouve avec joie les petits écureuils qui peuplent les forêts américaines. Vu l’heure et avant d’opter pour une soirée rodéo, on s’autorise une pause shopping dans les quelques boutiques qui bordent la rue principale. On passe d’ailleurs un certain temps à fouiner dans le Rock shop où s’accumulent bois pétrifié, œufs de dinosaures et pierres aux motifs ondulés.

A 19h, installés dans les gradins avec des dizaines d’autres touristes, on se prépare à découvrir (en version parc à thème sans doute) une part de folklore made in USA. Sur la piste, toute une petite famille trottine en attendant le début du spectacle. Soudain, l’hymne national résonne, les drapeaux font un tour de piste et chacun se lève respectueusement…. les épreuves commencent. Les premiers courageux se lancent sur le dos de chevaux contrariés et finissent par voler dans le sable au bout de quelques secondes. Cette première épreuve terminée, les enfants entrent en scène, pas effrayés pour deux sous et encouragés par des parents survoltés. On les retrouve avec surprise agrippés comme ils peuvent sur le dos de moutons aux toisons bien fournies. Trois cavalières se disputent ensuite la victoire d’une course d’obstacles avant de laisser la place à d’énormes taureaux peu disposés à se faire monter. Quelques locaux audacieux tentent ainsi de faire un tour de piste sans se faire désarçonner et nous font, au passage, de belles frayeurs. Le spectacle s’achève sur une épreuve de lasso qui nous divise davantage mais qui, sans aucun doute, fait partie intégrante de cette culture de l’Ouest. Hi haaaa !

Coté pratique

Le logement

Best Western PLUS Ruby’s Inn 3 étoiles, 26 South Main Street, Bryce Canyon, UT 84764
Réservé avec une réduction de près de 30% sur booking, le Ruby’s a l’avantage d’être extrêmement bien placé à l’entrée de Bryce. Petit déjeuner non compris mais général store disponible sur place.

Les visites

Lower Antelope Canyon
Visite d’environ 2h, $33. visite guidée via Dixie Ellis’ Lower Antelope Canyon Tours. Réservation : https://antelopelowercanyon.com/. Nous avions réservé pour 8h50 et il aura fallu presque une heure d’attente pour atteindre le canyon. La lumière étant maximum entre 10h et 14h, ce décalage tombait finalement plutôt bien !
Coordonnées GPS 36.54.04.7 N 111.24.37.7 W.

Ruby’s Inn Rodeo Grounds, Central street, Bryce, UT 84764
$13 par adulte, du mercredi au samedi. Spectacle à 19h, réservation avant 17h.

Les repas

Dans un cadre un peu cantine, les pizzas sont garnies à la demande. On se fait surprendre par les proportions des pizzas « moyennes » au point de tous repartir avec notre doggybag. Prix très raisonnables vu qu’on mange pour deux repas…