Slot Canyon et rodéo

2 août 2017

Il n’est pas encore 8h30 quand nous arrivons à Antelope Canyon, déjà tout barbouillés de crème solaire et cachés sous les chapeaux et lunettes de soleil. Nous partons pourtant ce matin dans le cœur d’un slot canyon, creusé par le vent et le sable dans la roche au fil des années. Deux choix s’offraient à nous: Upper canyon, le plus populaire et donc fréquenté ou Lower canyon, le plus exigu et le plus escarpé. Sans la moindre hésitation, nous optons pour le second choix en espérant profiter du lieu plus calmement.

Armés de nos réservations anticipées, on récupère nos billets avant d’aller patienter au bord d’une faille que l’on distingue à peine depuis la surface. La file d’attente a un côté Disneyland et, malgré les billets à horaires fixes réservés, on reste là un bon moment avant de pouvoir descendre. La plupart des guides sont emmitouflés dans des vêtements sombres, camouflés des pieds à la tête pour se protéger du soleil. On ne peut s’empêcher de les plaindre en pensant à la température qu’il doit faire sous ce tas de vêtements. Notre accompagnateur profite de l’attente pour nous expliquer la formation du canyon avec un peu de sable et de l’eau. Un peu plus loin, le son d’une flute accompagne une nouvelle arrivée de petits groupes.

Notre tour arrive et on reste sagement plantés devant, collés au guide. On se félicitera toute la visite de ce petit moment stratégique qui nous a permis de faire la plupart des photos souhaitées sans être gênés. Un escalier de métal nous amène sous la surface et une échelle marque le dernier point d’accès au canyon. On se bouscule un peu une fois en bas, le temps que chacun retrouve son groupe et avance à son rythme. Les visiteurs restent le nez en l’air et les yeux grands ouverts devant cet univers onirique. Enfin, la visite commence.

On s’enfonce dans le canyon en déambulant entre ses parois toutes en rondeur arborant des nuances de beige, de jaune, d’orange, de rouge et de rose. La lumière est plutôt vive mais varie d’un recoin à l’autre au fil de l’inclinaison de ces masses de grès sculptées. Les roches forment des vagues au profil parfois curieux. Dans les hauteurs, quelques troncs d’arbres sont encore vissés dans la roche, vestiges des dernières inondations liées aux orages. A mesure que l’on avance, le chemin se rétrécit et on ne peut souvent avancer que l’un à la suite de l’autre. Prisonnier de ces roches ondulantes formant un décor un peu magique, on finit par perdre la notion du temps. On retrouvera finalement le soleil plus d’une heure après, encore charmés par ce lieu insolite.

Pas du tout dans les temps prévus en début de journée, on débarque à Bryce Canyon vers 16h. Sur le bord de la route, quelques rencontres nous surprennent et on retrouve avec joie les petits écureuils qui peuplent les forêts américaines. Vu l’heure et avant d’opter pour une soirée rodéo, on s’autorise une pause shopping dans les quelques boutiques qui bordent la rue principale. On passe d’ailleurs un certain temps à fouiner dans le Rock shop où s’accumulent bois pétrifié, œufs de dinosaures et pierres aux motifs ondulés.

A 19h, installés dans les gradins avec des dizaines d’autres touristes, on se prépare à découvrir (en version parc à thème sans doute) une part de folklore made in USA. Sur la piste, toute une petite famille trottine en attendant le début du spectacle. Soudain, l’hymne national résonne, les drapeaux font un tour de piste et chacun se lève respectueusement…. les épreuves commencent. Les premiers courageux se lancent sur le dos de chevaux contrariés et finissent par voler dans le sable au bout de quelques secondes. Cette première épreuve terminée, les enfants entrent en scène, pas effrayés pour deux sous et encouragés par des parents survoltés. On les retrouve avec surprise agrippés comme ils peuvent sur le dos de moutons aux toisons bien fournies. Trois cavalières se disputent ensuite la victoire d’une course d’obstacles avant de laisser la place à d’énormes taureaux peu disposés à se faire monter. Quelques locaux audacieux tentent ainsi de faire un tour de piste sans se faire désarçonner et nous font, au passage, de belles frayeurs. Le spectacle s’achève sur une épreuve de lasso qui nous divise davantage mais qui, sans aucun doute, fait partie intégrante de cette culture de l’Ouest. Hi haaaa !

Coté pratique

Le logement

Best Western PLUS Ruby’s Inn 3 étoiles, 26 South Main Street, Bryce Canyon, UT 84764
Réservé avec une réduction de près de 30% sur booking, le Ruby’s a l’avantage d’être extrêmement bien placé à l’entrée de Bryce. Petit déjeuner non compris mais général store disponible sur place.

Les visites

Lower Antelope Canyon
Visite d’environ 2h, $33. visite guidée via Dixie Ellis’ Lower Antelope Canyon Tours. Réservation : https://antelopelowercanyon.com/. Nous avions réservé pour 8h50 et il aura fallu presque une heure d’attente pour atteindre le canyon. La lumière étant maximum entre 10h et 14h, ce décalage tombait finalement plutôt bien !
Coordonnées GPS 36.54.04.7 N 111.24.37.7 W.

Ruby’s Inn Rodeo Grounds, Central street, Bryce, UT 84764
$13 par adulte, du mercredi au samedi. Spectacle à 19h, réservation avant 17h.

Les repas

Dans un cadre un peu cantine, les pizzas sont garnies à la demande. On se fait surprendre par les proportions des pizzas « moyennes » au point de tous repartir avec notre doggybag. Prix très raisonnables vu qu’on mange pour deux repas…

Lever de soleil à Monument Valley

1er août 2017

Le ciel rosit à peine quand nous sortons sur la terrasse enroulés dans nos couvertures, installés comme de petits vieux sur nos chaises avec thés et cafés à la main. Une douce lumière baigne la vallée et les mesas face à nous. Dans un silence confortable, les minutes passent et la scène se contraste. Les premiers rayons du soleil percent au loin et dessine les contours de quelques nuages perdus au milieu d’un ciel rougeoyant. Derrière nous, les falaises prennent aussi des couleurs flamboyantes. Le spectacle est grandiose, l’instant presque magique. On reste encore un peu là, sans un mot, le temps de graver ce souvenir dans nos mémoires avant de regagner l’intérieur de notre cocon.

Sortes de mythes posés comme par magie au milieu d’immenses étendues de poussière orange, d’immenses monolithes forment ce paysage encré dans l’imaginaire collectif. Tout ici rappelle l’Ouest, les indiens, les cowboys et Lucky Luke… En plein territoire des Navajos, Monument Valley est un incontournable.

Un premier arrêt au lookout à proximité du visitor center et de l’hôtel The View donne une vision bien plus impressionnante que celle que nous avions depuis la terrasse. West Mitten, East Mitten et Merrick Buttes plantent le décor. Plusieurs options s’offrent aux visiteurs de Monument Valley. La Valley Drive, cabossée et pleine de sable, fait le tour de la plupart des formations rocheuses marquantes du parc mais pour sortir dans sentiers battus, des excursions proposent d’emprunter des voies autorisées seulement en présence des indiens de la réserve. Certains optent pour le tour en voiture alors que d’autres s’offrent une balade à cheval.

Headband tressé sur place dans les cheveux et juchée sur un mustang blanc comme neige, il est facile de se prendre au jeu. A la file indienne (c’est le cas de le dire !), on suit un vieil homme aux cheveux longs un peu déjanté qui nous entraine loin de la route derrière les dunes de sable. Le paysage change totalement, plus coloré, plus varié. On remonte un petit cours d’eau entouré de verdure où se croisent vaches et chevaux sauvages. Un petit poulain pointe même le bout de son nez. Notre guide nous raconte quelques anecdotes sur l’utilisation des plantes, le rapport avec les animaux… et les scènes de cinéma tournées entre deux rochers. Quand une photo de groupe est proposée, on le regarde avec angoisse partir au galop, une main sur les rênes, l’autre tenant mon appareil photo dans le vide, négligemment suspendu au bout des doigts. Après une heure et demi de balade que l’on ne voit pas passer, nous voilà revenus au point de départ, charmés de cette visite. Les circuits de randonnée étant fermés aux randonneurs en raison des fortes chaleurs, nous reprenons la route après une grosse demi journée sur place.

Il faudra deux nouvelles heures de route pour rejoindre Page sur les rives du lake Powell. En sortant de la voiture, la chaleur se fait à nouveau ressentir. Un tout petit sentier prend naissance à l’entrée de la ville et permet de rejoindre Horseshoe Bend, nouvelle curiosité géologique star des fonds d’écran Windows. Les premiers mètres se font les pieds dans le sable avant de descendre doucement vers le bord. 300 mètres plus bas, les rives du Colorado forment de curieux méandres bleus-verts. Le vide est directement sous nos pieds et seuls de discrets panneaux signalent que l’approche du bord est déconseillé en raison de la porosité de la roche… On prend quelques photos souvenirs avant de regagner l’hôtel dont la piscine est la meilleure récompense de la soirée.

Coté pratique

Le logement

Travelodge Page, 207 North Lake Powell Boulevard, Page, AZ 86040
Un motel sans rien de particulier si ce n’est son emplacement central en ville et sa piscine, agréable après une journée de forte chaleur.

Les visites

Monument Valley
Le parc est la propriété des indiens navajos donc le pass « America The Beautiful » n’est pas accepté, entrée à $20 par véhicule qui permet d’accéder au parc également le lendemain. La Valley Drive est ouverte de 6h à 20h30 de mai à septembre et de 8hà 16h30 d’octobre à avril.

Balade à cheval
Balade à cheval d’une durée une heure et demi (pour 90$) avec Roy Black Guided Tours. Avec ou sans réservation https://www.royblackguidedtours.com/

HorseshoeBend
De Page, prendre l’US89 vers le Sud. L’entrée du parking est à 1.5 miles après le croisement avec l’AZ98 sur la droite.

Les repas


Pour un peu de fraicheur après une journée de forte chaleur. On fait plus local mais les plats sont plutôt bons.

Grand Canyon

31 Juillet 2017

Notre périple reprend un cours plus classique ce matin là. Loin des réserves indiennes perdues au milieu de nul part, nous voilà sur la très passante route vers le non moins célèbre Grand Canyon. Fort de son succès, le parc national a dû s’équiper en conséquence et l’entrée ressemble à une gare de péage où patientent les voitures… et les bus. Cela ne semble pas déranger le moins du monde les wapitis qui font leur vie dans les bosquets aux abords du bitume. Comme tous les touristes, nous avons choisi de visiter la rive Sud du parc où les infrastructures ont été prévues en conséquence. Le changement est donc un peu brutal. Des cars entiers arrivent sur des parkings immenses déjà plein de voitures. Le train déverse une foule de passagers à la gare et déjà le système de navettes est pris d’assaut. Les chutes d’Havasu qu’il faut mériter à coup de kilomètres de marche sont bien loin.

On s’arrête donc à Grand Canyon village où sont regroupés restaurants, hôtels, supermarchés, banque, poste et bibliothèque. Tout le secteur est équipé de trois lignes de bus gratuites afin de limiter l’usage de la voiture et de préserver, un peu, l’espace naturel. Après quelques minutes d’attente, on embarque nous aussi dans une navette à destination d’Hermists Rest pour un peu de randonnée et un retour jusqu’au village. Le Rim Trail choisi longe ainsi le canyon sur plus de 21km et permet de passer de points de vue en points de vue presque sans effort.

A l’ouest de la rive, le canyon est particulièrement profond et donne d’ailleurs son nom, The Abyss, a un des points de vue traversé. C’est aussi le secteur le moins fréquenté car il est le plus éloigné du village. On est finalement assez seul sur ce chemin très aménagé et partiellement ombragé qui longe, parfois de près, ces grandes falaises. En contrebas, les méandres du Colorado rougi par toutes les pluies des jours précédents apparaissent de temps à autre. Les vues se succèdent et se ressemblent finalement beaucoup jusqu’à Powell Point, un peu plus aménagé et qui semble avancer dans le vide. De là, on observe le Bright Angel Trail qui s’enfonce dans le canyon en zigzagant. Réputé comme particulièrement éprouvant, il apparait soudain bien plus attrayant que notre petit parcours de santé.

A l’approche du village, les visiteurs s’amoncellent à nouveau autour du market. On y fait nous aussi escale pour le déjeuner avant de repartir vers les voitures, finalement un peu déçus de ne pas avoir été renversés par la vue. Avant de rejoindre Monument Valley, on opte néanmoins pour un nouvel arrêt sur les rives du Grand Canyon, coté Est cette fois. La Desert View Watchtower, construite selon une architecture inspirée par les indiens, s’élève toute en pierre au bord du gouffre. L’intérieur est peint de multiples fresques qui s’envolent jusqu’au sommet. Avec ses 21 mètres de haut, la tour d’observation offre une vue sur une bonne partie du parc et sur les Vermilion Cliffs au Nord. Marquant la fin de notre visite, cette halte aura sans doute été la plus séduisante du parc.

Les deux heures et demi qui suivent sont pleines de couleurs. Au dessus de nos têtes, le ciel est plus que changeant. Les nuages y dessinent des formes curieuses et baignent le paysage de lumières ondoyantes. A notre arrivée, le soleil se couche discrètement sur Monument Valley et colore la pierre de nuances pastelles. Il fait presque nuit quand nous prenons possession des deux petites maisons individuelles, flambant neuves et toutes équipées, qui nous hébergeront ce soir. Après un repas des plus copieux, on passera finalement un long moment dans la nuit noire, trépied et appareil photo à la main pour capturer les milliers d’étoiles luisant dans le ciel avec plus ou moins de succès. Que la nuit est belle à Monument Valley…

Coté pratique

Le logement

Goulding’s Lodge, 1000 Main Street, Monument Valley, UT 84536
Il y a peu d’hôtels à Monument Valley et seuls deux proposent une vue sur les mesas au lever du soleil. Goulding est l’un d’entre eux. Même si le tarif est élevé, le moment est inoubliable.

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Les visites

Randonnée le long d’Hermit Road
De Hermits Rest à Monument Creek Vista : 2 à 3h ; 11 km ; niveau facile, possibilité de raccourcir si besoin avec les nombreux arrêts de navette

Desert View Watchtower, Grand Canyon Village, Arizona 86023
Ouvert tous les jours de 8h à 19h, horaires réduits en hiver.

Tous les documents pratiques pour le Grand Canyon sont ici: https://www.nps.gov/grca/planyourvisit/maps.htm

Les repas


Buffet de crudités et plats copieux dont la cuisine est orientée Nouveaux Mexique. Prix relativement importants.

Sur la route 66

28 juillet 2017

Faire de la route aux États-Unis est d’une facilité étonnante. On avale les kilomètres dans nos confortables SUV automatiques et armés de régulateurs sans vraiment se rendre compte des distances parcourues. Pourtant, et pour l’unique fois du séjour, les quelques 60 miles qui nous séparaient d’Amboy nous ont semblés interminables. Le bitume s’étend de façon rectiligne à perte de vue, les abords sont simplement déserts et poussiéreux et rien ne bouge. On se relaie en cours de route tant la concentration parait difficile à maintenir. Nous sommes seuls au monde.

La route 66 pointe finalement son nez après une heure de traversée du désert, comme un oasis abandonné du monde. Ambiance fantomatique dans cette vieille station essence du Roy’s Motel & Cafe. Le vent est chaud, la chaleur un peu assommante et la voiture affiche 115 degrés Fahrenheit. On prend quelques photos, on teste une root beer (sans alcool of course) avant de repartir vers Kingman sur une route heureusement plus animée.

Kingman passée, on retrouve la route 66 et son ambiance un peu particulière. Des trains immenses longent la route et semblent filer à l’infini, des rangées de boites aux lettres fleurissent au bord de l’asphalte sans que l’on devine pour autant de maisons dans ces grandes plaines. La fin de journée s’annonce et avec elle, de douces nuances repeignent le paysage.

On arrive un peu tard au Hackbery General Store, temple de la babiole estampillée route 66, qui a déjà fermé ses portes. Il n’y a plus qu’à jeter un œil aux vitres poussiéreuses avec curiosité avant de flâner le long des vieilles voitures et pompes à essence. On se fait par la même occasion un ami chat qui bronze sur le coffre d’une vieille voiture dans un silence absolu. Le décor est plein de charme, la lumière magnifique et on se félicite presque d’être arrivés en retard.

Encore 35 miles avant d’atteindre l’hôtel. Dans le rétroviseur, on observe le soleil qui s’efface lentement. Quelques gros nuages se forment et des orages éclatent partout autour de nous. Bien à l’abri, on devine les trainées de pluie qui s’abattent au dessus des canyons pendant que d’impressionnants éclairs fendent le ciel. Il fait nuit lorsque l’on arrive à l’hôtel. Par chance, le restaurant prolonge un peu l’ouverture rien que pour nous. On grignote en vitesse avant de préparer les sacs de randonnées et de filer au lit. Demain nous serons levés avant le soleil pour découvrir la plus incroyable des réserves.

30 Juillet 2017

Du fin fond de notre réserve indienne, deux choix s’offrent à nous pour le retour: partir aux aurores à pied ou prendre l’hélicoptère. On opte pour la seconde solution, à la fois pour profiter de l’expérience et pour recharger un peu les batteries avant une journée de route jusqu’au Grand Canyon.

Personne ne se bat pas pour prendre le volant au retour, achevés par cette longue attente. On grignote des restes de cookies et de barres de céréales pour se remettre un peu d’aplomb tout en regardant par la fenêtre, les yeux dans le vide. Dans les grandes plaines qui bordent la route, une antilope d’Amérique apparait au loin comme un fantôme. Elle nous regarde passer un instant et disparait tel un mirage. Le ciel s’assombrit et de nouveaux nuages sombres déversent des torrents de pluie au loin. On ferme doucement les yeux dans le silence de la route pour les rouvrir un peu avant Seligman.

En arrivant, on retrouve le vieux chemin de fer que nous avions déjà croisé près d’Hackberry. De nouveaux klaxons se font entendre, signalant l’arrivée de ces trains à rallonge dont l’Amérique à le secret. Ils longent la petite Seligman qui, plus qu’une ville, ressemble davantage à une longue avenue parsemée de motels et de boutiques à la gloire de la route 66. Autant de musées à ciel ouvert qui offrent une pause bienvenue pour la tête et les jambes. Dans un calme étonnant, on flâne avec curiosité entre les vieilles carcasses de voitures ou de camions, les anciennes pompes à essence et les gift shops qui croulent de souvenirs terriblement tentants et où chacun achète une bêtise inutile avec délice. On ne vit ici que grâce au tourisme et ça se sent. Les décors sont savamment mis en scène et on entretient avec soin une ambiance fifties. Avant de reprendre la route, le RoadRunner nous héberge le temps d’un repas plutôt sympa dans cette petite bourgade au charme désuet.

45 minutes plus tard apparait Williams, la plus dynamique des localités historiques de la Route 66 en Arizona. Célèbre pour avoir été la dernière à être encore traversée par la Route 66 originelle, Williams parait nettement plus encrée dans la vie actuelle que sa voisine Seligman. La rue principale est animée, baignée de la musique des restaurants et diners qui se sont installés entre les magasins et les panneaux vintage. Vu l’heure, on n’y passe qu’un bref instant, plus court que l’on aurait pu le souhaiter, juste le temps de s’imprégner un peu de l’ambiance. En repartant, on passe devant la gare où trône The Train, vieille machine de métal tirée par une locomotive à vapeur à l’aspect tout aussi ancien.

Arrivés à l’hôtel en toute fin de soirée sous un ciel toujours plus menaçant, une bonne surprise nous attend: un surclassement pour toutes nos chambres. Après avoir déposé les valises et lancé un pari idiot, on court vers la piscine, plus que fraîche, pour terminer cette longue journée.

Coté pratique

Le logement

Grand Canyon Inn and Motel, 317 South State Route 64, Val, AZ 86046
Un point de départ proche du Grand Canyon avec piscine. Petit déjeuner non inclus mais proposé à la carte.

Les visites

Roy’s Gasoline, 87520 National Trails Hwy, Amboy, CA 92304
Pour l’expérience de la route 66

Hackberry general store, 11255 E Hwy 66, Hackberry, Kingman, AZ 86411
Ouvert tous les jours, du lundi au dimanche. De 9 h à 18 h d’avril à octobre, de 10 h à 17 h de novembre à mars

Les repas

RoadRunner, 22330 West Old Highway 66, Seligman, AZ 86337-0805

Les chutes d’Havasu

29 Juillet 2017

La sonnerie du réveil nous tire d’un profond sommeil ce matin là. A moitié conscients, on ferme nos sacs de randonnées déjà bien chargés et on boucle nos valises. Il fait encore à moitié nuit lorsque l’on ferme notre petite maison du Grand Canyon Caverns Inn. Depuis Peach Springs, il faudra près d’une heure et demi de route pour atteindre le Hualapai Hilltop, point de départ d’une randonnée qui restera gravée dans les mémoires. A mesure que le soleil se lève et perce les nuages, d’agiles wapitis traversent la route sans se soucier le moins du monde de notre présence. La journée commence bien.

Il est tout juste 7h lorsque nous arrivons sur le parking. Quelques courageux ont passé la nuit dans leur van et se réveillent doucement. Le nombre de voiture déjà présentes inquiète un peu et, surtout, nous surprend dans cet endroit perdu au bout du monde. Avant de partir en expédition, une dernière vérification des sacs à dos s’impose: les valises ne seront rouvertes que dans 24h.

Au bord du parking, la vue sur le canyon impressionne. Les couleurs, le décor, l’ambiance… Le chemin descend doucement le long de la roche rouge à l’ombre des falaises. Des chevaux remontent le sentier équipés des sacs à dos bien chargés de randonneurs qui n’avaient plus le courage de les porter. Le soleil réchauffe un peu l’ambiance et amène de nouvelles couleurs au paysage déjà grandiose. Le début sentier traverse une grande plaine entourés de falaises où tous les groupes de randonneurs se suivent avec le sourire, impatients de découvrir la réserve indienne.

A mesure que l’on avance, on semble s’enfoncer de plus en plus profondément dans le canyon. Au bout de quelques kilomètres, les parois se rapprochent et l’ombre enveloppe le sentier. En marchant la tête en l’air pour admirer ce décor incroyable, on surprend quelques corbeaux qui nous suivent avec application. Devant nous, des écureuils traversent la chemin de temps à autre avant de filer dans les rochers en poussant des cris stridents. L’herbe se raréfie et les cactus commencent à apparaitre ici et là. La randonnée est finalement bien plus facile que l’on avait pu l’envisager et on se félicite d’être partis tôt pour éviter la chaleur.

13 kilomètres plus tard, des dizaines de photos et de la poussière partout… nous voilà arrivés à Supai, cœur de la réserve indienne des Havasupai, « peuple des eaux bleu-vert » et uniques habitants permanents du Grand Canyon. A cette heure, l’endroit est déserté et la chaleur se fait ressentir. Notre premier arrêt sera l’office de tourisme où l’on pensait récupérer nos permis, indispensables à la circulation dans la réserve. Ambiance glaciale lorsque l’on pousse la porte, ce qui n’est pas uniquement lié à la climatisation qui tourne à plein régime. A peine arrivés, on nous renvoie sèchement vers le lodge pour y récupérer le précieux document. On s’exécute un peu surpris pour finalement retrouver le même genre d’attitude à l’hôtel. Une fois les clés et le permis récupérés, on prend quelques instants pour pique-niquer avant de filer à la découverte des chutes tant attendues.

Un peu plus de 2km sont nécessaires pour rejoindre les Navajo falls, premier contact réel avec cette eau à la couleur incroyable. Créées après une inondation importante en 2008, les chutes nous charment instantanément. L’occasion parfaite pour une baignade, même un peu fraiche, dans ces eaux turquoises. De petits bassins se sont formés au sommet de la chute semblables à des jacuzzis naturels. Plus en aval, une véritable chute d’eau s’écrase sur des roches rouges, transformées en plongeoir. On y croise des randonneurs venus se laisser porter sur d’énormes bouées et d’autres qui peinent à mettre les pieds dans l’eau (chaussures aquatiques largement conseillées !).

Encore mouillés, on emprunte le chemin de sable vers les Havasu falls sous un soleil de plomb. Au plus près des falaises rouges, le bruit de l’eau se fait entendre bien avant que l’on aperçoive quoique ce soit. En contrebas, la vision de cette chute de près de 30 mètres est une merveille de couleurs. Après quelques clichés, on décide de poursuivre sans s’arrêter vers le camping pour profiter du temps clément. On y trouve des dizaines de tentes et quelques hamacs directement suspendus au dessus de l’eau claire. Encore plus d’un kilomètre à faire avant la prochaine surprise.

Merci à François pour sa photo 😉

Notre premier contact avec les Mooney falls est bien différent des précédentes chutes. On ne distingue pas encore la cascade mais déjà les panneaux d’information et de rappel « Descend at own risk » s’imposent. Pour atteindre la rivière, il faut traverser de petits tunnels creusés directement dans la roche. A la sortie, un escalier abrupte orné de chaines donnent le ton. Certains font demi tour devant l’impressionnante vue. La roche glisse, la poussière rouge colle aux chaussures et des échelles de bois à la stabilité toute relative viennent s’ajouter au tableau. Arrivés en bas, la brume de la cascade nous entoure et dessine quelques arcs en ciel. Au dessus de nos têtes, le ciel se couvre pourtant et on hésite un long moment à poursuivre la randonnée vers les Beaver falls. Le souvenir des violents orages aperçus la veille nous dissuadent finalement, et à regrets, de continuer.

Encore 5km sont nécessaires pour retourner au lodge où nous attendent nos réserves de viandes séchées, de barres de céréales et de pompotes pour un repas des plus équilibrés. Le ciel noir n’aura finalement été qu’une passade et le soleil se couche doucement sur les roches rouges qui nous entourent. Il n’y a pas un bruit dans la réserve seulement perturbée par quelques chiots qui s’amusent. Supai parait coupée du reste du monde.

30 Juillet 2017

Du fin fond de notre réserve indienne, deux choix s’offrent à nous pour le retour: partir aux aurores à pied ou prendre l’hélicoptère. On opte pour la seconde solution, à la fois pour profiter de l’expérience et pour recharger un peu les batteries avant une journée de route jusqu’au Grand Canyon. Tous les récits de voyageurs sur le sujet nous avaient alertés, les places sont chères et il faut souvent faire la queue tôt le matin pour avoir une chance d’arriver au sommet avant le début d’après midi. L’hélicoptère ne décolle qu’à partir de 10h et commence par embarquer les locaux avant de s’intéresser aux randonneurs. Envoyé en éclaireur, l’un des nôtres nous réveille en trombe à 5h30: il y a déjà plus de 30 personnes dans la file d’attente.

Dans l’urgence et un peu dans le coma, on remballe toutes nos affaires avant de partir en courant vers la zone de décollage. Des touristes ont organisé un système de liste qui permet aux premiers arrivés de s’inscrire afin que l’ordre de décollage soit respecté sans provoquer de cohue. C’est le début d’interminables heures d’attente pour remonter au sommet. A 10h, on commence à se dire qu’on aurait déjà pu être dans la voiture et je regrette infiniment de ne pas être partie à pied. Alors que l’on ne l’attendait plus, le bruit des pales et du moteur se fait entendre. On observe pour patienter le va et viens des colis suspendus au bout d’une corde, le ballet des passagers et les deux armoires à glace qui chargent les affaires avec nonchalance. Enfin notre tour arrive. On s’installe avec soulagement pour observer le paysage. Il ne faut finalement que quelques minutes pour regagner notre point de départ et retrouver nos voitures garées sagement à proximité.

Personne ne se bat pas pour prendre le volant au retour, achevés par cette longue attente. On grignote des restes de cookies et de barres de céréales pour se remettre un peu d’aplomb tout en regardant par la fenêtre, les yeux dans le vide. Dans les grandes plaines qui bordent la route, une antilope d’Amérique apparait au loin comme un fantôme. Elle nous regarde passer un instant et disparait tel un mirage. Le ciel s’assombrit et de nouveaux nuages sombres déversent des torrents de pluie au loin. On ferme doucement les yeux dans le silence de la route pour les rouvrir un peu avant Seligman.

Coté pratique

Le logement

La réservation du lodge ne se fait que par téléphone et il faudra fournir ses coordonnées de carte bleue. La confirmation se fera par courrier et il faut être patients… il nous aura fallu près de 3 mois pour recevoir le fameux courrier !
Pour les tarifs: une chambre de 4 vaut environ $145 par nuit + $40 de frais auxquels s’ajoutent 10% de taxes
Il faudra également régler $50 par personne pour l’entrée dans la réserve. Le décor a un prix !

La randonnée

Navajo Falls : 1.3km du lodge
Havasu falls : 3 km du lodge
Monkey Falls : 4.7km du lodge
Beaver Falls : 8km du lodge

Havasu

Joshua Tree

28 Juillet 2017

Ce matin là, on peine presque à laisser le confort de notre hôtel et son petit déjeuner incroyable pour suivre la route du désert. Après avoir pris au moins 3 repas d’avance, on charge finalement tout notre barda dans les voitures. A peine une semaine de voyage et déjà l’organisation millimétrée de nos coffres semble avoir pris un coup dans l’aile. L’organisation des malles ne sera malheureusement pas la seule à être bouleversée ce jour là.

Après plus d’une demi heure de trajet, le voyant moteur de notre petite Jeep a soudainement décidé de s’allumer… il aura donc choisi notre journée au kilométrage le plus important pour nous faire cette jolie surprise. Ô joie, un demi tour s’impose. Par chance, on nous échange la voiture sans la moindre difficulté à l’aéroport de Palm Springs. En prime, notre vieille Jeep est remplacée par une Mazda flambant neuve et toutes options pour le plus grand plaisir des conducteurs.  Cette petite aventure nous fait perdre presque une heure et demi mais, enfin, la route vers Joshua Tree peut commencer.

Passés les champs d’éoliennes, les premiers arbres de Josué apparaissent ponctuellement sur le chemin puis finissent par s’étendre par centaines. Ces immenses yuccas constituent de véritables forêts plantées au milieu de piles de rochers qui semblent avoir atterri au milieu de tout ce sable par hasard. On s’arrête pour immortaliser l’instant… et sauver une voiture enlisée dans le sable par la même occasion. Ambiance !

Réflexe immuable, notre première étape sera un saut au Visitoir Center. On y achète le Pass America, précieux sésame qui nous offrira l’entrée dans tous les parcs du pays et on en profite pour papoter avec un ranger, toujours prêt à multiplier les conseils d’itinéraires au sein et à l’extérieur du parc. Par manque de temps et sur ses conseils, nous optons pour une courte balade dans le parc avec la Hidden Valley, petite boucle qui serpente à travers les formations rocheuses et les cactus. Les couleurs et la végétation surprennent et on est loin de l’image morne et sans vie que l’on se faisait d’un désert. On sautille de roches en roches, on guette désespérément les bighorns, on surveille les petits écureuils et les oiseaux qui se cachent dans les buissons et surtout, on ouvre grand les yeux devant ces paysages si différents de ceux que l’on connait.

La balade terminée, on se dirige vers Keys view, perché à quelques 1600m pour un point de vue sur la vallée, le désert et les montagnes. Il faut emprunter une route en cul de sac qui file vers le Sud pour y accéder. De là, on observe un instant le panorama baigné d’une brume claire: il fait si chaud que de la vapeur d’eau enveloppe toute la vallée. On termine la visite par un peu d’escalade dans le secteur de Jumbo Rocks avant de reprendre la route vers la mythique 66.

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Coté pratique

Le logement

Grand Canyon Caverns Inn, Mile Marker 115 Route 66, Peach Springs, AZ 86434
L’auberge est située au milieu de nul part sur un terrain ou de faux dinosaures ont élu domicile. On y loue une petite maison pour 8 qui nous sera réservée.

Les visites

Joshua Tree National Park, Pass America accepté
On choisit la Hidden Valley pour se balader tranquillement et faire de belles photos (30 à 45 mn ; 1,6 km ; niveau facile). Plus d’infos ici: https://www.nps.gov/jotr/planyourvisit/maps.htm