20 juin 2018
3h45. Le réveil sonne dans la chambre de notre motel sans âme. Il fait nuit noire dehors. On boucle les valises en vitesse avant de charger la voiture et de glisser les clés sous la porte de la réception. Direction Canyonlands National Park… ou presque. Pas bien réveillés, on réussit à se tromper de route. Vingt minutes de détour et du stress de bon matin… pas le temps de se perdre, nous avons rendez vous avec le soleil. Une fois sur le bon chemin, on guette avec inquiétude les étoiles qui s’effacent une à une dans le ciel bleuté. Le temps file et la route est encore longue. Dans le rétroviseur, la lumière du jour dessine les contours des montagnes de La Sal avant de les colorer complètement. Curieusement, nous ne sommes pas les seuls sur la route ce matin là. Ça roule sur le bitume parfois tortueux de Canyonlands, ça roule plutôt vite d’ailleurs car le soleil n’attend pas. On hésite, on regarde par la fenêtre le ciel s’éclaircir et on pense un moment qu’on arrivera jamais à temps. Au bout de cinquante interminables minutes, le parking de Mesa Arch apparait enfin. On y croyait plus. Les sacs sont chargés négligemment sur le dos sans prendre le temps de trier quoique ce soit et nous voilà partis au pas de course sur le trail sans un regard pour le paysage, animés par un seul objectif: être à l’heure.
Il est presque 5h30 quand nous arrivons devant l’arche où une vingtaine de photographes, armés de trépieds, attend déjà. On cherche le meilleur angle de vue aux places disponibles, on fait des tests de clichés et je finis par glisser sur les genoux entre les trépieds, calée entre 3 sacs à dos et la tête baissée pour ne pas gêner. D’autres amateurs de levers de soleil arrivent au compte-gouttes et tout ce petit monde finit par former une foule compacte. Les retardataires un peu trop ambitieux tentent de se frayer un chemin au plus près de l’arche et se font sévèrement reprendre. L’envers du décor…. Le soleil est annoncé à 5h56, ses premiers rayons ne peignent pourtant la roche qu’une dizaine de minutes plus tard. La scène prend des couleurs, montagnes et canyons se dévoilent au fil du temps. Il n’y a plus que le bruit des appareils qui déclenchent, le temps s’est figé. A 6h30, la foule se dissipe. Nous sommes seuls face à l’arche encore baignée par les rayons chauds. Nous y restons près d’une demi heure, seuls face à ce décor incroyable à grignoter distraitement notre petit déjeuner sous une lumière irréelle. Le réveil difficile est déjà presque oublié.







Un arrêt au visitor center nous permet de trouver le départ d’une randonnée éloignée des sentiers habituels. Le False Kiva Trail n’est pas indiqué sur les plans remis à l’entrée du parc et il nous faut noter les explications du ranger pour l’atteindre. Encore quelques minutes de voiture et le chemin, marqué uniquement par des cairns, se dessine dans la poussière entre les buissons épineux et les cactus. On amorce rapidement la descente avant de s’engager dans des amas de pierres rosées. Au cours de la balade, la vue s’ouvre en grand sur le canyon. On avance rapidement, un peu abrités du soleil, et il ne nous faut qu’une demi heure pour atteindre la kiva perchée dans une alcôve creusée dans la falaise. Au dessus de nos têtes, nichées dans d’immenses blocs de grès, les hirondelles vont et viennent en chantant.
On grimpe un peu au hasard dans les cailloux qui roulent sous nos pieds pour atteindre le fameux cercle de pierres. Perchés sur notre belvédère naturel, on reste un moment là à se demander qui a bien pu vouloir s’installer dans un endroit si peu accessible. Fatalement, ça grimpe sur le chemin du retour. Même à 10h, le soleil brûle déjà la peau. A force de marcher le nez en l’air, on perd un instant de vue les cairns. En un clin d’œil, on s’écarte du chemin, on tourne en rond plusieurs fois avant d’escalader la roche pour espérer retrouver la route. En moins de trois quarts d’heure, on regagne tout de même notre voiture à la carrosserie et au volant brûlants.






A l’extrémité d’Island in the Sky, la partie la plus accessible du parc, Grand View Point est sans doute le point de vue le plus prisé du parc. Entièrement aménagé, il offre un panorama très dégagé sur le sud de Canyonslands et les méandres de la Green River et du Colorado, souvent dissimulés par les falaises. On opte pour le sentier tracé le long de la rive sur quelques kilomètres et qui permet de découvrir la vue sur l’autre versant. Étonnamment, on se lasse assez vite de cette balade tout plate et fréquentée. On s’y promène un peu plus d’une demi heure et on repart finalement assez vite. A quelques centaines de mètres du point de vue, une petite aire de pique nique nous offre une ombre appréciable. D’énormes corbeaux y ont élu domicile et volent autour des tables à la recherche de quelques restes oubliés. Le thermomètre s’affole toujours et nous quittons l’Utah sous une atmosphère étouffante. De nouvelles aventures nous attendent dans le Colorado !




Coté pratique
Le logement
Cortez Mesa Verde Inn, 640 South Broadway, Cortez, CO 81321, États-UnisUn motel qui ne paie vraiment pas de mine depuis l’extérieur. Les chambres sont pourtant propres, plutôt spacieuses et conformes à ce que l’on attend d’un motel. Piscine accessible et petit déjeuner inclus dans le prix de la chambre. Sans doute un des hôtels les moins chers de Moab.
Les visites
Canyonlands National Park
Pass America The Beautiful accepté. Se lever tôt pour éviter la chaleur… rude en plein après midi.
False Kiva Trail n’est pas indiqué sur le prospectus de Canyonlands, il est en revanche indiqué par les rangers dans le visitor center. Compter une demi heure de descente et 40 minutes pour remonter en suivant attentivement les cairns.