Lors de notre précédent voyage, Zion avait été mon incontestable coup de cœur. Couleurs incroyables, reliefs escarpés, randonnées uniques voire carrément mythiques…. Zion avait déjà tout. Le parc cachait pourtant d’autres mystères, de ceux qui restent sagement blottis dans un coin de la tête, dans l’attente d’être découverts. Au fond du canyon, le Subway patiente, protégé par les rangers et par des heures de randonnée. Cette fois, ni les kilomètres, ni la chaleur ne sont les plus grand remparts. Cette fois, nous ne pouvons compter que sur notre bonne étoile.
Soucieux de préserver cet endroit unique, le National Park Service a en effet imposé l’obtention d’un permis délivré par un système de loterie. Deux chances sont données aux visiteurs: 3 mois et quelques jours avant la randonnée prévue. L’attente est longue jusqu’à la première réponse… négative. On retente notre chance un soir, en se branchant sur le wifi d’un bar bruyant, après une journée désespérément pluvieuse. On retente et on oublie presque. Il fait déjà nuit quand, quelques jours plus tard, on allume l’ordinateur pour découvrir un mail du parc national. Une douce euphorie règne alors dans notre chambre de motel: le miracle s’était produit, nous avions un permis !
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3 juillet 2018
Notre bonne étoile brille toujours au dessus de nos têtes et nous garantit une météo sans risques orageux. Une longue randonnée nous attend et le thermomètre, en revanche, a vite tendance à s’emballer ces jours ci. Le soleil est donc à peine levé quand nous prenons la route, permis en poche, sac à dos chargés et impatients de dévaler le sentier. L’itinéraire du Subway étant peu balisé, on sort le GPS et la trace téléchargée la veille, trace qui nous entraine sur un chemin plein de sable jonché de roches noires. On suit bêtement ce chemin improvisé jusqu’au bord du canyon. Sous nos pieds, le vide: une falaise abrupte et pas la moindre trace de piste. On hésite mais il nous faut finalement faire demi tour et tourner en rond un moment pour retrouver le bon chemin.
La balade serpente doucement le long des falaises, dans un silence reposant. Rapidement, le chemin devient plus raide et l’on aperçoit finalement, en contre bas d’un champ de pierre particulièrement abrupt, quelques randonneurs. Avec prudence, nous suivons cet improbable circuit, les jambes bientôt pleine d’une poussière rosée. Ce n’est qu’une fois arrivés en bas, indemnes, que l’on commence à s’inquiéter du retour. Ces pensées sont cependant vite balayées par le décor, charmant et tranquille.



Le cours d’eau est bordé d’herbes vertes et hautes, parsemées de fleurs jaunes. Il court entre des roches de toutes tailles et de toutes formes, partagées entre les nuances de roses et de gris. Ici, impossible de se perdre: il suffit de remonter le lit de la petite rivière sur des kilomètres. Si la randonnée n’a rien de vraiment difficile, elle n’est pas pour autant particulièrement reposante: on passe régulièrement d’une rive à l’autre en escaladant chaque fois de nouvelles pierres ou en s’aventurant dans les herbes hautes. On croise à nouveau le petit groupe de randonneurs puis plus rien. Nous sommes seuls au monde au cœur de Zion.






Le lit de la Left Forkof North Creek s’élargit à mesure que le soleil grimpe dans le ciel. Les falaises prennent des couleurs plus vives accentuées par un fond bleu sans nuage. Bientôt, le sable disparait et l’eau file directement sur la roche. Nous voilà donc les pieds dans la rivière, le chemin ayant complètement disparu. De petites cascades apparaissent finalement, marquant un réel tournant dans la balade. Les arbres prennent de la hauteur, la roche s’arrondit, le canyon devient subitement plus étroit.
On avance le nez en l’air, tout petits au pied de ces falaises qui se rapprochent toujours plus. Un virage, un autre et, enfin, on aperçoit les rondeurs du Subway. Les lumières du canyon se reflètent dans l’eau presque stagnante devant l’entrée des lieux et la douce euphorie de la loterie gagne à nouveau les troupes. Il n’existe sans doute pas, à cet instant, de randonneurs plus privilégiés que nous, seuls devant une merveille que peu on la chance de découvrir.







On s’avance tout doucement vers l’entrée du tunnel, avançant à pas de loup sur la roche polie par les années. Les parois du Subway cache une succession de piscines naturelles à l’eau bleutée translucide. Le chemin s’arrête ici, dans ce décor incroyable baigné de soleil. Par curiosité, et sans doute pour prolonger un peu le plaisir de la découverte, on dépose toutes les affaires aussi haut que possible avant de partir à la nage dans le dédale des derniers bassins. Alors que la fraicheur saisit instantanément chaque muscle immergé, on avance en riant bêtement, insensible à ce léger détail. Après quelques virages, une cascade d’eau glacée nous accueille dans le dernier bassin. Les plus courageux se glissent dans une étroite faille entre deux rochers pour se laisse asperger par la Keyhole Falls, dernière étape du voyage.








Un peu à contre cœur, on finit par rebrousser chemin, détrempés mais ravis de cette expérience insolite. Un immense tronc d’arbre posé en travers de blocs rocheux non moins imposants nous héberge le temps d’une pause déjeuner, pieds dans l’eau et seulement entourés de quelques papillons. On y passe un long moment, à la fois pour profiter de l’endroit et pour retarder l’instant où il faudra à nouveau crapahuter sous un soleil brulant…
Il nous faudra plus d’une heure de marche pour retrouver l’abrupte descente pleine de roches traversée à l’aller. Peu convaincus, on finit par s’y engager avec une extrême prudence de peur de faire rouler des pierres à chaque pas. Ce n’est qu’une fois arrivés au sommet qu’un couple, qui nous observait étrangement, nous a demandé pourquoi nous n’avions pas emprunté le chemin. On se regarde, sans un mot, perplexes… en voilà une bonne question. Le dernier kilomètre qui nous sépare de la voiture a des airs de promenade de santé après cette remontée chaotique. Tout en marchant, on se promet intérieurement de ne plus jamais suivre des randonneurs ou des traces GPS aveuglement à l’avenir. A l’arrivée, les bouteilles d’eau, soigneusement économisée sur le chemin, sont rapidement vidées. Notre petit SUV climatisé fait soudainement figure d’oasis et nous roulons vers un repos bien mérité.
Après une courte pause à l’hôtel, juste le temps de retrouver un aspect présentable, nous partons sur la magnifique route 9 qui longe la Virgin River en direction de Springdale. Une petite table nous y attend en terrasse, survolée par de minuscules colibris. Quand quelques deers traversent la route entre deux tintements de verres, on se dit que Zion a résolument tout pour plaire.

Coté pratique
Le logement
Super 8 by Wyndham Hurricane Zion National Park, 65 South 700 West, Hurricane, UT 84737
Chambres spacieuses, piscine et petit déjeuner inclus avec machine à gaufre. Emplacement idéal pour se rapprocher de Zion à un prix raisonnable.
Les visites
Zion National park – The Subway – 15km aller retour, environ 6h.
Pass America the Beautiful accepté, Tous les documents pratiques pour le parc sont ici: https://www.nps.gov/zion/planyourvisit/maps.htm
Les inscriptions pour la loterie du Subway ont lieu ici: https://zionpermits.nps.gov/lotteryapply.cfm
Ne pas oublier de vérifier la météo, capricieuse à Zion: personne n’aimerait se retrouver dans le Subway pendant un orage…
Les repas
Spotted Dog Cafe, 428 Zion Park Blvd, Springdale, UT 84767-7701
On se régale de plats un peu plus fins que d’habitude et desserts faits maison sur une terrasse où les colibris volent au dessus de nos têtes. Les deers du parc se promènent sur le trottoir qui longe le restaurant : magique !