Sur les côtes de Skye

24 juin 2022

Notre journée débute sur le port d’Uig, en plein chantier, pour une balade en mer à la recherche de petits oiseaux que nous n’avons encore jamais eu la chance de rencontrer. Le brouhaha des machines et des outils qui emplit l’air ambiant disparait très vite une fois installés sur le bateau de Skye Xplorer. Notre capitaine, dès qu’il aperçoit mon appareil photo, nous dirige vers l’avant afin de profiter de la meilleure vue possible. Le moteur vrombit, le bateau démarre et glisse lentement sur une mer aussi calme que les lochs écossais. Exceptionnellement, il n’y a pas un brin d’air sur l’île de Skye, pas une vague dans l’océan.

Le ciel un peu nuageux associé à ce calme complètement inhabituel, donnent une atmosphère étrange à la scène. Le genre d’ambiance dans laquelle l’ombre de Nessie se dessinant au loin ne surprendrait personne. Ce n’est pourtant pas Nessie qui attire notre attention. Le regard capte un mouvement, puis un autre. Notre capitaine aussi l’a perçu. Il change de direction et part sereinement vers le large. Le premier dauphin apparait distinctement, suivi d’un second et d’un troisième. Quelques-uns s’approchent du bateau, leur ventre clair se devinant facilement sous la surface de l’eau. Eux aussi sont finalement plutôt calmes. Après quelques bons, ils disparaissent sans bruit dans l’océan.

Notre bateau file désormais tout droit vers de petites iles bordées de falaises. Autour d’elles, des formes noires s’agitent sur l’eau et dans les airs. On croise quelques cormorans, goélands ou huitriers mais, surtout, on devine la silhouette de nos premiers macareux.

Les célèbres oiseaux clowns sont en réalité tout petits, plutôt ronds… et particulièrement craquants. Leur bouille colorée et leur démarche malhabile nous plaisent toute de suite. Les macareux moine vivent en colonie, on les devine d’ailleurs partout autour des falaises : tâche sombre sur cette mer d’huile, ombre brève dans le ciel blanc, figure colorée sur l’herbe bien verte.

En période de reproduction, ils creusent des terriers pour élever leur petit dans un nid de plumes. Bien sûr, nous n’en apercevront aucun : les jeunes, dissimulés dans la verdure, sont aussi bien moins colorés que leurs parents. Malheureusement, la pérennité de cette espèce est menacée (encore une….). Si la surpêche a entrainé une diminution des ressources pour les oiseaux, on soupçonne moins la pollution lumineuse qui fait, elle aussi, des ravages en attirant les plus jeunes au premier envol du nid. Au lieu de rejoindre la mer pour apprendre à se nourrir, les petits filent donc vers les villes et perdent leurs repères. Triste sort pour une bouille qui donne autant le sourire.

De retour sur terre, nous roulons désormais vers l’extrémité ouest de l’île, histoire de revoir le Neistpoint Lighthouse. Il apparait au bord de l’eau, perché sur une falaise sombre qu’on imagine battue par les flots la plupart du temps. La scène, sans doute l’une des plus connue d’Écosse, est un peu dramatique, donnant des impressions de bout du monde s’échouant dans l’océan. Ici aussi les moutons font leur vie, trottinant au milieu des prés sans un regard pour les promeneurs, grimpant sur des pentes abruptes où l’on n’oserait pas s’aventurer. Par un sentier plus accessible que celui des moutons, on peut cependant rejoindre le phare. Un chemin bétonné descend longuement, s’approche au plus près de l’eau… avant de remonter… et de redescendre encore. Si l’aller se passe sans encombre, on en voit beaucoup souffrir au retour, au moment de retrouver les voitures.

La balade terminée, nos pas nous mènent au Dunvegan Castle, surtout réputé pour ses jardins fleuris et son accès à une étroite baie peuplée de phoques. A l’époque, j’avais fait une formidable balade en barque à moteur permettant de les approcher de près. Ayant trainé durant la journée, nous n’aurons pas la chance de renouveler l’expérience cette fois. On parcourt donc simplement la route longeant le fjord, les yeux rivés sur l’eau à la recherche des mammifères.

Tout au bout, un petit parking sablonneux permet de laisser la voiture avant de s’engager sur un chemin de terre au bord de l’eau. Les lumières baissent doucement, redonnent un peu de chaleur à cette Écosse parfois rude. On marche peut être vingt minutes avant d’arriver sur les bords d’une curieuse plage couverte de corail émoussé offrant un sacré contraste. L’eau a des airs de Polynésie, les roches sombres tranchent avec les coraux immaculés, le vert pétant des herbes sautent aux yeux… bref, une fois encore, Skye surprend… et charme.

Le coup de cœur de Ptit Jo

Notre première rencontre avec les oiseaux clowns

Coté pratique

Les activités

SkyeXplorer Boat Trips, Uig Pier, Isle of Skye IV51 9XX
Cette agence propose plusieurs tours en bateau pour observer les macareux mais aussi les dauphins et les baleines. Les macareux sont observables de Avril à Juillet et trois créneaux sont possibles : 10h, 12h et 14h. Pour les baleines, les excursions se font plutôt en août et septembre, à 10h et 14h.
Nous avons trouvé notre guide très sympa et très professionnel, respectueux des animaux. On recommande !
Réservations : https://www.puffinsandwhales.co.uk/
Tarif de £34 par adulte pour observer les macareux, £59 pour les baleines.

Nesit Point Lighthouse, C6F6+9M Waterstein, Isle of Skye

Dunvegan Castle, MacLeod Estate, Dunvegan House, Dunvegan, Isle of Skye IV55 8WF
Nous sommes arrivés trop tard pour le visiter cette année mais j’en ai gardé un bon souvenir de mon voyage en 2014. Il est possible de visiter le château, ses jardins et de faire un tour en barque pour rencontrer les phoques qui vivent dans la baie.
Ouvert tous les jours du 1er avril au 15 octobre, de 10h à 17h30. La dernière entrée se fait à 17h pour le château et le jardin.
En revanche, il n’est possible de voir les phoques que jusqu’au 30 septembre et le dernier tour en barque part à 16h30.
Tarif pour le château de £14 par adulte et £9 par enfant
Supplément pour les phoques de £10 par adulte et £7 par enfant

Coral Beach, G936+8R Claigan, Isle of Skye

Le logement

Quiraing Rooms, 2 brogaig, Staffin IV51 9JY
nous sommes restés 3 nuits dans ce B&B avec chambre individuelle et salle de bain partagée avec une autre chambre. La chambre est petite mais confortable et la salle de bain très propre. On met sur le ratio coût/qualité notamment pour le petit déjeuner. Il est stocké directement dans les chambres, composé de porridge, d’une brioche, de pain de mie et d’un jus d’orange en boîte. Il n’y a donc pas de partie chaude de type œuf et bacon et on est clairement en dessous de ce qui se fait habituellement au Royaume Uni. C’est vraiment un établissement pour dormir où l’on ne croise jamais les hôtes.

Les repas

Pendant nos trois jours sur Skye, nous avons essentiellement opté pour les repas à la maison. Le dernier soir, on s’est pourtant laissé tenter par une sortie 

The Portree Hotel restaurant, Somerled Square, Portree IV51 9EH
Un établissement plein de charme, à mi-chemin entre le restaurant et le pub, où on s’est vraiment régalés. Il est en revanche relativement coûteux.

L’Écosse est un pays relativement couteux. Aussi, pour réduire un peu la facture du voyage, nous avons opté pour un maximum de repas faits nous même. La plupart des logements fournissent a minima une tasse et une bouilloire, idéal pour les soupes ou les nouilles instantanées. Nous avons également beaucoup misé sur les enseignes Tesco qui proposent des formules intéressantes à 3.5£ avec plat + boisson + snack ou dessert. Les températures n’étant pas franchement élevées, on a pu conserver facilement nos achats dans la voiture.

Escapade à Tahaa

16 juillet 2021

Le petit-déjeuner avalé, notre petit groupe embarque pour une nouvelle journée sur l’eau. Destination Lagon nous entraîne sur le lagon bordant la jolie Tahaa, accessible uniquement par la mer. Et pour bien commencer, on attaque directement par la visite de la rhumerie Mana’o, toute jeune mais pleine d’ambition.

La distillerie a démarré par la fabrication de rhum classique, produit à base de mélasse (le résidu de transformation de la canne en sucre) pour finalement opter, il y a quelques années, pour la production de rhum agricole. Produit à base de jus de canne, ce type de rhum représente aujourd’hui moins de 5% des rhums produits. Mana’o en produit deux types : du rhum blanc (pour le ti punch) et du rhum paille, vieille en fûts d’armagnac, davantage consommé pur ou en cocktail. La distillerie se lance désormais dans une démarche de production plus écologique, recherchant l’appellation bio, transformant ses locaux dans une démarche d’économies d’énergie et valorisant l’utilisation de canne à sucre ancestrale. Pour ce qui est du goût, n’étant déjà pas amatrice, j’ai abandonné l’idée de poser un jugement sur une dégustation faite à 9h du matin…

On repart sur les eaux bleues en longeant l’île avant de voguer vers l’un des plus grands motus, occupé par un hôtel de luxe. Encore une fois, il n’y a personne. Pas âme qui vive sur les bungalows ou sur la plage, personne dans l’eau. On abandonne le navire et on remonte à pied sur la plage jusqu’à l’entrée du lagon. Notre guide nous entraîne alors vers un courant circulant à travers les patates de corail. L’un après l’autre, on s’étend et on se laisse porter, simplement. On en prend plein les yeux. Pas un coup de palme, à peine quelques brasses : l’eau nous promène entre végétaux et coraux au cœur de nuées de poissons colorés. C’est beau. On glisse sans autre effort que de tourner constamment la tête vers de nouvelles découvertes.

Le courant nous abandonne plus loin dans le jardin de corail. On se promène librement, cherchant le meilleur chemin ou le plus bel animal. D’une patate à l’autre, on a finalement la chance de tomber sur un banc entier de poissons chirurgiens bagnards. On les suit longtemps, traçant des vagues colorés entre les morceaux de récifs. On retrouve aussi des bénitiers flamboyants, des balistes colorés, de jolies demoiselles et des poissons clowns en pleine garde de leurs anémones. Le jardin est splendide, bien au-dessus de ceux traversés jusqu’alors et on se félicite d’avoir choisi un tel ordre pour visiter l’archipel. J’ignore combien de temps nous sommes restés à patauger, ayant complètement perdu la notion du temps mais quel souvenir !

L’étape suivante est une exploitation de vanille, invisible depuis la mer, installée au bout d’un chemin de terre. Arrivés à la vallée de la vanille, on nous raconte les origines de la plante, les difficultés de culture, les étapes de fabrication et, surtout, on nous fait sentir. La vanille de Tahiti, bien plus rare et précieuse que celle de Madagascar, est aussi beaucoup moins sèche. On la découverte verte encore accrochée à sa plante, sorte de liane qui s’enroule autour d’arbres supports. Elle est récoltée ainsi, comme les bananes, pour éviter que les oiseaux ne l’abiment. Elle est ensuite séchée longuement, par étape, entre tôle exposée au soleil et sac de coton. Et surtout, la vanille est massée : chaque gousse passe entre les doigts des exploitants, massée doucement pour conserver sa jolie forme longiligne malgré le procédé de séchage. Le résultat est à la hauteur du travail fourni : les gousses sont épaisses, brillantes et dégagent un parfum enivrant.

Pour nous aider à nous remettre de toutes ces émotions, notre guide nous amène sur l’un des motu occupé par une petite pension. Elle propose aux visiteurs des buffets de spécialités et de jolies tables en bord de mer, abritées par des toits de feuilles tressées. De tous petits cocotiers bordent l’étroite plage qui offre une vue sur les deux îles. Après une, deux voire trois assiettes débordantes (pour les plus gros estomacs) sous la vigilance de « Pique Assiette », petite bête à quatre pattes des plus manipulatrices, on prend un instant de pause à observer l’eau et le piège à poisson qui alimente les cuisines. Quelques raies se sont perdues et attendent sagement leur remise à l’eau. On décide pourtant de repartir en mer à la rencontre des requins pointe noire en limite du lagon pour la dernière baignade de la journée.

Comment passer en Polynésie sans visiter une ferme perlière ? Véritable symbole de tradition, encore plus répandue que le tatouage, la perle est partout en Polynésie. Forme, taille, couleur, on a vu de tout en vitrine des nombreuses bijouteries croisées pendant notre séjour. La ferme Champion est donc l’occasion d’en savoir plus sur le procédé de production, le travail de sélection ou le temps nécessaire avant la récolte. Pourtant, en première approche, ce ne sont pas les perles qui nous charment mais la bâtisse abritant la boutique. Sur une extrémité de Tahaa, directement bordée par le lagon, la maison est posée sur un grand jardin d’herbe verte et de sable, abritée par un imposant banian dans lequel une cabane a même été installée. Dans un style colonial un peu rétro, toute de bois et de blanc, elle présente de larges ouvertures vers l’extérieur. On aurait adoré y séjourner un moment tant la maison inspire le calme et la sérénité.

Côté perle, on ressort quasiment expert en la matière. On nous montre tout : les huitres, les coquilles, les mille et une couleurs, les baroques, les rondes, les citrons, le système de classification et surtout, les bijoux. La ferme emploie ses propres designers et proposent toutes sortes de modèles, exposées aux quatre coins de la pièce qui abrite également un coffre-fort antique où se dissimule une partie des réserves. De terminer la journée par un long moment à la recherche… de la perle rare !

Le coup de cœur de Ptit Jo

Le jardin de corail de Tahaa a beau être fantastique, le coup de cœur revient à la maison coloniale de la ferme Champion dont Ptit Jo et moi sommes tombés amoureux

Coté pratique

Les activités

Destination Lagon
Un prestataire de qualité au bateau moderne et au pilote adorable. Nous avons passé une excellente journée avec eux, à notre rythme et selon nos envies. Une très bonne expérience.

La vallée de la vanille
Les explications sont intéressantes, les tarifs nettement moins. Compter 60 000 XPF les 500g de vanille standard (505€ soit environ 3€ la gousse). On déconseille d’acheter sur place pour faire des affaires, sauf les sprays cicatrisants que l’on ne trouve que difficilement ailleurs.

Pour la vanille, on conseille plutôt Mataio Vanille sur la route côtière de Raiatea. Le personnage, haut en couleur, nous a accueillis à l’improviste un dimanche et faits visiter sa ferme. On y a trouvé :

  • de la vanille standard à 50 000 XPF les 500g (420€ soit environ 2.5€ la gousse)
  • de la vanille déclassée (comprendre même goût mais visuel moins glamour) à 12 500 XPF les 500g (105€ soit environ 0.63€ la gousse)

En fonction des quantités, vous aurez peut-être, comme nous, la bonne surprise d’une réduction complémentaire !

La ferme Champion
Ce n’est clairement pas la boutique la plus low cost dans le domaine mais c’est en revanche une adresse sûre et réputée pour la grande qualité de ses perles et l’originalité des bijoux. Aussi, le rapport qualité-prix n’est pas inintéressant. Les perles A sont particulièrement couteuses mais on trouve de jolies choses dans les perles de classe B. Pour les C, impossible de trouver une perle ronde à moins qu’elle ne soit franchement abimée… par contre, elles peuvent parfois présenter un caractère original et esthétique, loin des classiques habituels.

Quelques idées de prix :

  • 25€ la perle de catégorie C montée sur un fil de cuir,
  • 84€ la perle ronde montée sur un fil de cuir,
  • 170€ la perle baroque B de 8mm
  • 275€ la perle ronde de 12 mm
Le logement

Nous n’avons pas dormi sur l’île malheureusement

Les repas

Le repas a été organisé directement par Destination Lagon.