12 septembre 2021
La route vers le Damaraland est longue et nous prend une bonne part de la journée. Il fait chaud, plus que d’habitude, nous obligeant à fermer les fenêtres et à faire tourner la clim comme jamais. On se sent un peu assommés par cette ambiance et on profite sans doute moins du décor. A mi-chemin, on tente un arrêt à TwyfelFontain mais on se décourage aussitôt en constatant que toutes les activités du secteur sont payantes et se font sous un soleil de plomb.
A l’approche du Grootberg, sans doute l’un des lodges les plus connus du pays, un paysage plus montagneux avec des routes qui tournicotent apparait. Sur les côtés, des panneaux indiquent le passage possible d’éléphants… on espère mais sans succès ! Vient alors la bifurcation vers le logement tant attendu. Pour y accéder, un 4*4 est indispensable. Il faut gravir un étroit sentier plein de caillasses, grimpant fortement en bordure du vide. On n’est pas très sereins lors de notre premier passage. Certains, moins téméraires ou plus raisonnables, se garent même sur le parking au bord de la route, attendant que le lodge vienne les chercher !
Finalement, contre toute attente, on arrive au sommet en vie et on découvre l’incroyable vue sur le canyon. Un jus de fruits frais et deux, trois renseignements plus tard, on reprend la route vers le camping qui nous accueillera pour la soirée. Le lodge sera pour demain.
Alors qu’on pensait être au bout de nos surprises et n’avoir plus qu’à déplier notre tente, on réalise que les heures de route sur chemin cabossé ont causé des dégâts ! La tente, fixée sur des rails en 4 points, ne tient plus que sur un seul… elle est tombée sur le toit, créant une large rayure. On passe un long moment à improviser une réparation à base de fil de fer et d’une vis trouvée là, un peu inquiets à l’idée de reprendre la route comme ça…



13 Septembre 2021
Il fait encore nuit quand on ouvre les yeux. Nous avons rendez-vous aux aurores au Grootberg pour un rhinotracking proposé par le lodge. Il va donc falloir reprendre la route avec notre tente bancale et, surtout, refaire le chemin acrobatique en bordure du vide de nuit. Joie. On s’en tire finalement sans mal et un petit déjeuner réconfortant et fumant nous attend même à l’arrivée. Sur le parking, d’énormes Jeep sont déjà prêtes à partir dans le cœur du canyon.
La réserve attenante du lodge est immense et les rhino peu nombreux. Ils sont 4 à vivre dans le secteur et à être régulièrement rencontrés par les guides et rangers du parc. Autant dire qu’on part avec des chances réelles mais limitées de rencontrer ces trop rares animaux. Le chemin est plus que cabossé lorsqu’on s’enfonce dans les terres rouges, on a parfois l’impression d’être assis sur une machine à laver. Derrière la végétation, le soleil pointe peu à peu le bout de son nez et réchauffe l’atmosphère. Dans une lumière étrange, les premières girafes apparaissent.






Leur immense silhouette est parfois dissimulée dans les arbres, d’autres, elle se dessine dans le ciel au sommet d’un relief. Quelques zèbres se promènent également, bien plus discrets que ce qu’on aurait imaginé. Partout sur notre passage, d’énormes sauterelles décollent à proximité des roues. Grosses comme de petits oiseaux, elles filent à grande vitesse dans l’air et atterrissent parfois, aussi surprises que nous, sur une banquette.





On cherche longtemps. On repère les traces, on tente diverses approches basées sur l’expérience de notre guide. Un trackeur part à pied en éclaireur et nous oriente le mieux possible. Finalement, bien avant d’avoir croisé ces gros mammifères, ce sont des braconniers que l’on rencontre. Ou du moins leur camp.
Tranquillement installés dans le parc, aiguillés par certains habitants attirés par l’argent, ils cherchent les mêmes animaux que nous… pour des raisons beaucoup moins honorables. Une première vague de colère gronde au fond de la poitrine face à cette dure réalité.







On roulera encore au moins une heure, dans de jolis paysages, avant de recevoir le signal. Un premier rhino a été repéré. Prudemment, en silence, on s’avance à pied dans le sable rouge, tous les sens aux aguets. Il est là, prêt d’un arbre, semblant sentir notre présence sans pour autant fuir. Il cherche, calmement.
Alors qu’on devrait sauter de joie face à cette rencontre si rare, c’est finalement la vague de colère qui se réveille. Ils sont si gros mais si fragiles. Ils n’ont rien demandé à personne. Ils disparaissent.
Bien sûr, on connaissait la situation des rhinocéros dans le monde, on connaissait les chiffres, on connaissait la menace qui pèse sur eux. Les six heures de route passées à leur recherche auprès de personnes dont c’est le métier rendent subitement tout ça terriblement concret. On prend en pleine face la notion de disparition d’une espèce. On prend en pleine face la réalité d’un monde qui sacrifie d’incroyables animaux sur l’autel du profit. On réalise que quelque part sur cette planète, des êtres humains sont prêts à les rayer de la carte pour de vagues vertues aphrodisiaques.
Alors que nos yeux se posent sur ses immenses narines, ses oreilles délicates et ses imposantes cornes, on croise un bref instant son regard. Et on en pleurerait presque.






Il faudra bien quelques heures de route pour redescendre d’un cran après cette brève rencontre qui m’aura pourtant profondément chamboulée. Il fait désormais chaud, le soleil dore doucement la peau. Quelques animaux se font encore voir sur le sentier. Une poignée de girafes qui grignotent dans les branches d’arbres, quelques oiseaux et d’innombrables sauterelles géantes… et puis deux petits nouveaux. Pour la première fois on rencontre des antilopes inconnues à peine visibles dans les broussailles et la pierre colorée.


Il est temps de découvrir notre petite hutte réservée des mois à l’avance. Chaque chambre est installée dans une petite maison individuelle en pierre avec vue sur le canyon en contre bas. Elles sont chaleureuses et confortables, disséminés le long d’un petit sentier pavé. Chacune dispose d’une petite terrasse en bois sous laquelle on retrouve nos copines damans des rochers, occupées à grignoter les branchages. Quand on repart vers le bâtiment principal et la piscine (car oui, il y a une piscine avec vue sur cet incroyable décor), on retrouve par miracle notre voiture parfaitement réparée sur le parking !






On s’installe sur un transat avec un livre, attendant que le soleil se couche pour rejoindre le restaurant. Du pain tiède et une soupe chaude nous accueille. La soirée s’annonce finalement douce.
les animaux vus par Ptit Jo

La girafe (Giraffa camelopardalis angolensis) est la plus grande espèce du règne animal avec une hauteur de près de 6 mètres pour les grands mâles.

Le zèbre des montagnes (Equus zebra), qui se distingue de son cousin par l’absence de bandes grises, est capable de creuser des trous pour trouver de l’eau.

Le rhinocéros blanc (Ceratotherium simum) broute de l’herbe contrairement à son cousin qui préfère les jeunes branches. On le reconnaît aussi à son comportement avec les petits: les jeunes blancs marchent devant tandis que les jeunes rhino noirs marchent derrière leur maman.

L’oréotrague (Oreotragus oreotragus) est une petite antilope des régions montagneuses d’Afrique Australe. Elle a des sabots pointus pour s’accrocher aux rochers.

Le steenbok (Raphicerus) est également un petit gabarit. Solitaire, il est reconnaissable par ses grands yeux et ses grandes oreilles.
Coté pratique
Un voyage organisé
Notre voyage a été organisé par l’agence Hors-piste et plus spécifiquement par Antoine. S’il n’est pas indispensable d’être accompagné pour la Namibie, il était en revanche indispensable de l’être pour le Botswana. Aussi, le recours a une agence pour combiner les deux destinations a été un véritable gain de confort. Nous avons été suivis du début à la fin, ayant toujours quelqu’un à contacter sur la route en cas de problème. L’agence nous a également toutes nos procédures Covid (réservation de tests, suivi des résultats) et nous a aidés à obtenir les visas. Bref, nous sommes partis en confiance !
Le site: https://www.horspistes-afrique-australe.com/
Les activités
Le Grootberg propose des tas d’activités qu’il vaut mieux réserver à l’avance
- Elephant tracking – Journée 4*4 incluant le repas du midi – 1660NAD par personne
- Rhino tracking – Journée 4*4 incluant le repas du midi – 1985NAD par personne
- Visite de village – 3 heures- 860NAD par personne
- Sortie en véhicule sur le plateau du Lodge au coucher de soleil 690NAD par personne
- Visites guidées à pied – 3 heures – 220NAD par personne
On a opté pour les rhino car ils sont extrêmement difficiles à voir sans être accompagnés. Bien qu’on aime beaucoup les éléphants aussi, il est relativement facile d’en voir à Etosha et encore plus au Botswana où ils sont vraiment partout.
Le logement
Hoada Campsite (grootberg lodge campsite), sur la C40 entre Palmwag et Etosha
Les emplacements sont situés au cœur de blocs de granite et de mpoane. Sur chaque emplcement, cuisine, toilettes et douche chauffée au feu de bois sont intégrées à la roche. Un bel endroit dont on aura finalement peu profité, occupé à nos réparations de voitures.
Grootberg lodge, grootberg Pass sur la C40 entre Palmwag et Etosha
Sans doute le lodge à la vue la plus prisée de Namibie. Ce n’est sans doute pas le plus luxueux ou le meilleur service mais son emplacement au sommet du canyon est vraiment un must. Le personnel est adorable et le repas très bon. On y a passé un excellent moment. Pas d’électricité dans les chambres mais elle est en revanche disponible au restaurant.
Le site : http://www.grootberg.com/fr/
Les repas
Les petits déjeuners et diners sont inclus dans le tarif de la chambre. Le menu change chaque soir et nous avions beaucoup aimé le nôtre. Pour le midi, un énorme buffet est prévu.
Un avis sur “Grootberg”