Arrivés à Vienne en milieu de journée, la ville semble étonnamment calme pour une capitale. Les rues qui entourent notre appartement abritent tout un tas de galeries d’art et de vieilles librairies où rien ne bouge. Attirés par les lumières, nous finissons par emprunter un passage couvert aux vitrines décorées pour Noël avant de déboucher directement devant la cathédrale St Stéphane. Un peu étonnés de s’y être rendus si vite, nous faisons le tour le nez en l’air pour observer les tuiles colorées et les motifs du toit. La cathédrale est en rénovation mais les parties déjà ravalées permettent de se faire une bonne idée des détails dissimulés par les bâches.






L’édifice se reflète dans les étages vitrés de la Haas-Haus, porte d’entrée du Graben, ce quartier viennois où s’alignent façades impeccables et boutiques de luxe. Quelques fiacres circulent dans les avenues où d’autres chevaux attendent sagement sous une couverture. A deux pas de la cathédrale se trouve la plus discrète Peterskirche. Un peu en retrait du Graben, elle pourrait presque passer inaperçue au milieu de toutes ces vitrines éclairées. Il faut pourtant pousser la porte de cette église aux décors flamboyants, toute en couleurs et en dorures. Les notes d’un orgue résonnent sous la coupole pendant que nous observons ce décor étonnant. Vienne et sa musique…





Quelques pas supplémentaires suffisent à gagner la maison Demel, véritable institution à Vienne depuis près de 200 ans. Sa vitrine ornée de petits gâteaux laisse deviner l’intérieur de cette confiserie d’un autre âge, au plafond lambrissé et aux tables de marbre rose. En s’avançant dans la boutique, nous arrivons sur le salon et le jardin d’hiver où des Demelinerinnen, toutes de noir vêtues, nous installent face à l’atelier. Une dizaine de pâtissiers s’activent alors sous nos yeux et décorent des centaines de mignardises pour les fêtes. Un chocolat viennois et une pâtisserie (au nom imprononçable pour un non germaniste) plus tard, nous quittons le salon où se pressent toujours des flots d’habitués et de curieux.






Le grand palais de la Hofburg, ancien siège du pouvoir autrichien, se dresse immédiatement devant nous. Un petit marché de Noël formé de cabanes blanches a pris place à ses pieds et marque l’entrée du quartier des musées. En passant le porche, on tombe directement sur l’école d’équitation de Vienne dont les écuries vitrées attirent les passants. Nous choisirons cependant un autre trésor tout proche : la bibliothèque nationale et sa salle d’apparat.



Un escalier blanc et sobre mène à la grande salle où l’odeur subtile des livres anciens se devine déjà. Pénétrer dans la bibliothèque de Vienne est comme de pousser la porte de ses rêves d’enfant, remplis de bibliothèques interminables et d’échelles en bois. C’est un peu comme devenir Belle qui s’émerveille devant le cadeau de la Bête dans le célèbre Walt Disney. On s’extasie devant le plafond coloré et ses trompes l’œil, on rêve devant les milliers de livres aux couleurs passées et au cuir vieilli sagement rangés sur les étagères. Peu de touristes ont choisi de découvrir cet espace hors du temps à l’atmosphère feutrée malgré les quelques 200 000 livres de toutes les tailles et de toutes les époques qui sont conservés sous la grande voûte. Il est donc facile de s’attarder devant les ouvrages exposés en vitrine, les statues et les globes terrestres disséminés dans la Prunksaal. On voudrait pouvoir gravir les petits escaliers de marbre, accéder à l’étage et dessiner les reliures du bout des doigts…







Il fait déjà nuit quand nous ressortons finalement face à l’Albertina et à l’opéra. Le centre de Vienne s’anime, les allées commerçantes et parfois piétonnes s’offrent à nous le long du Ring et de la KärntnerStraβ. Comme dans toutes les capitales, les grandes enseignes se mêlent aux boutiques de souvenirs. Quelques cabanes prises d’assaut proposent du vin et, plus original, du punch chaud pour se remettre du froid qui commence à tomber.
Le hasard nous mènera finalement jusqu’à une petite salle de concert où une poignée de musiciens reprennent les classiques les plus connus. Notre première soirée viennoise s’achève sur les douces notes de violon qui nous trotteront dans la tête pour le reste du séjour. Nous repartons en sifflotant vers notre appartement dans la nuit noire et brumeuse, presque surpris de ne pas croiser la neige sur le chemin du retour.






