Machu Picchu

30 juillet 2019

Grimper au Machu Picchu est toute une expérience. Une expérience qu’on s’imaginerait bien comme une longue marche dans la jungle et une découverte de cité perdue en découpant la dernière liane. Il y a du vrai : tout autour d’Aguas Calientes, l’univers est boisé et fleuri, de grandes orchidées grimpent dans les arbres qui colonisent les montagnes. Il existe un treck, le chemin de l’Inca, pour tenter de réaliser cette expérience. Mais il y a aussi une autre réalité, nettement plus courante.

La réalité d’un site surfréquenté que l’Unesco appelle à préserver dans la totale indifférence des autorités locales. S’il faut désormais réserver un billet à l’avance pour s’assurer une visite, on est très loin des quotas de visiteurs recommandés et ça se sent. Dans la ville, dès le lever du jour, une immense file d’attente se forme le long de la rivière. Les visiteurs sont parqués par créneau horaire et patientent longuement pour avoir un bus.

A l’arrivée, des dizaines de véhicules sont alignés les uns derrière les autres, lâchant des flots de visiteurs à intervalle régulier. Chaque billet correspond à un horaire. Nous avons choisi une visite tôt dans la matinée (et on s’en félicite) avec une petite originalité : un accès autorisé au Wayna Picchu, réservé à 400 personnes par jour. Il faut savoir que chaque billet correspond à un créneau spécifique et que la visite ne peut se faire que dans un sens. Tout retour en arrière est formellement interdit et les rappels à l’ordre à coup de sifflet strident sont immédiats. En suivant cette logique, toute sortie est définitive. Aussi, mieux vaut prendre son temps. Seule exception à cette règle : l’ascension du Wayna. L’accès étant situé en sortie du parc, il est autorisé d’entrer à nouveau au Machu Picchu une fois l’ascension terminée.

Passée l’entrée, on traverse donc le Machu Picchu rapidement pour faire partie des premiers à gravir la montagne. C’est un crève-cœur de le traverser si vite… la foule s’accumule à l’entrée et nous sommes quasiment seuls dans le reste du site sous une lumière douce de début de journée. On prend quelques clichés du décor, le Wayna Picchu en toile de fond, avant de reprendre notre chemin. Nous ne regrettons pas notre choix. Face au petit portail de bois qui ouvre l’accès au Wayna, nous sommes seuls. A mesure que l’heure d’ouverture approche, de plus en plus de randonneurs nous rejoignent et la température grimpe. C’est l’heure. On inscrit nos noms sur un registre et on s’élance sur un sentier qui semble nous être réservé. On marche vite pour profiter de cette intimité trop rare avant d’atteindre la plus impressionnante volée de marches que l’on n’ait jamais rencontrée.

Ça monte, tout le temps. Ça monte à coup de marches en pierres irrégulières et étonnamment hautes. Ça tape dans les jambes, les genoux et le cœur. Ça tape mais c’est grandiose. A l’approche du sommet, perchés au-dessus du vide, les vestiges du temple de la Lune apparaissent. Les escaliers toujours plus raides nous emmènent toujours plus haut. On pose les mains au sol pour s’aider, on jette un coup d’œil dans le vide, grisés. Le sommet arrive à quelques 2667m. Il ne nous reste qu’à contempler, en contre bas, la grandeur du Machu Picchu.

La cité inca du Machu Picchu, « Vieille Montagne », s’élève depuis 500 ans sur un promontoire rocheux entre cordillères des Andes et forêt amazonienne. Sanctuaire religieux puis refuge et lieu de résistance des Incas face aux Espagnols, le site est chargé d’histoire et étonnament préservé. Pourtant, à l’heure où l’empire s’effondrait, la cité n’était pas même pas achevée. La ville a donc été abandonnée puis simplement oubliée jusqu’en 1870. Son emplacement, difficile d’accès est sans doute la principale raison de son oubli. Perchée à 2400 mètres et perdue dans la forêt, son lieu de construction a pourtant été soigneusement choisi. Située au croisement de plusieurs failles tectoniques, la cité a pu bénéficier d’un gisement de pierres facile d’accès et d’une position stratégique tout en hauteur. Mieux encore, la présence de failles a permis d’assurer un apport régulier en eau tout en drainant les eaux de pluie en cas d’orages, favorisant ainsi la durabilité des constructions. Décidément ces Incas, de sacrés ingénieurs !

Accompagnés d’un guide, on découvre la zone agricole et son immense ensemble de cultures en terrasses avant de traverser le village, entre habitations et lieux de culte sculptés dans la roche. Sous un soleil de plomb, on rencontre au passage les derniers habitants de la mythique cité: une groupe de lamas tondeuses à gazon et une adorable petite viscache des montagnes, pas farouche le moins du monde. Une jolie découverte malgré la foule rencontrée à l’entrée et heureusement dispersée sur tout le site.

Pour le chemin du retour, on opte pour une balade à pied pour remplacer le trajet en bus. Comme si nous n’en avions pas eu assez, ce sont 1500 marches supplémentaires qui nous conduisent au bord de la rivière dans un décor verdoyant et escarpé. On rejoint donc Aguas Calientes à pied, longeant les bords de l’eau et les rails de chemins de fer, seuls moyens existants pour accéder à la petite ville.

Le coup de cœur de Ptit Jo

La montée du Wayna Picchu est une aventure en soi. Plus encore que la vue au sommet, c’est bien la balade qui nous aura marqués, dans les traces d’une civilisation disparue

Coté pratique

Les activités

Excursion au Machu Picchu
Il existe plusieurs moyens de se rendre au Machu Picchu: un trek de plusieurs jours (aux places limitées et au guide indispensable) ou l’arrivée par Aguas Calientes que l’on rejoint directement en train ou par une randonnée d’environ 2h.


Pour l’accès au site en lui même il existe deux formules:
– le billet simple à 152PEN avec un créneau au choix entre 6h/12h et 12h/17h. Une heure d’entrée est indiquée et doit être respectée sous peine de se voir refuser l’accès…
– le billet incluant le Wayna Picchu à 200 PEN. Une réservations plusieurs mois en avance est obligatoire. Deux créneaux sont possibles : 8h ou 10h. On conseille fortement celui de 8h et d’arriver en avance: grâce à cette astuce, nous étions seuls pour monter. Au retour par contre, nous avons croisé tous les randonneurs partis après nous, faisant la queue dans les escaliers. De quoi largement gâcher la balade.

A noter qu’il est impossible d’emporter un sac de plus de 20L sur le site mais qu’il est en revanche possible de faire tamponner son passeport avec une illustration du Machu Picchu à la sortie du site 🙂

Les repas

Restaurant Bistro Bar Indio Feliz, Pje. Lloque Yupanqui 103, Aguas Calientes
Pour cette fois, on se fait vraiment plaisir car les tarifs de cet établissement sont supérieurs à la moyenne. Par contre, il propose un menu copieux aux saveurs franco-péruviennes. On y mange bien dans un décor surprenant.

Salinas y Aguada Blanca

20 juillet 2019

Ce matin nous quittons la ville pour nous aventurer bien plus haut. A presque 4000 mètres d’altitude, la réserve nationale de Salinas y Aguada Blanca, méconnue, nous a pourtant fait de l’œil dès la construction de notre parcours. Deux énormes SUVs nous attendent donc au bas de notre hôtel, prêts à partir sur les routes sinueuses qui s’élèvent à proximité du volcan Misti.

On quitte d’abord la banlieue d’Arequipa pour rejoindre une étroite zone de culture en terrasse longeant un cours d’eau. Plus loin, la végétation se transforme en d’immenses étendues d’herbe jaune, presque brulée, seulement traversées par une piste poussiéreuse. On grimpe encore pour s’arrêter à la lisière de deux mondes, là où les herbes claires rencontrent la roche parsemée d’étranges plantes.

Alors que l’on était seuls, un bus s’arrête et des dizaines de péruviens descendent. Un autre SUV apparait et une fanfare s’installe tout à coup sur la large esplanade formée par la route. Certaines femmes grimpent dans les rochers et reviennent avec des sacs plein de plantes médicinales, d’autres prennent possession des lieux et dansent, simplement, leurs larges jupes roses tournoyant au-dessus de la poussière sous la surveillance du volcan qui attire désormais tous les nuages. Sans prévenir, tout ce petit monde s’interrompt, remballe et disparait.

On poursuit la route pour prendre encore de la hauteur. Il est conseillé à tous les voyageurs se rendant au Pérou de gagner les hauteurs progressivement, de 1000 mètres en 1000 mètres, passant deux nuits sur place pour s’habituer à l’altitude. On respecte à peu près la consigne, s’écartant de quelques centaines de mètres pour l’après midi mais les premiers maux de tête, légers, finissent par apparaitre. Ils disparaissent bien vite lorsque nos premières vigognes montrent leur museau coloré au milieu des herbes grises.

Au bout de la piste, la réserve apparait sous un rayon de soleil, vaste étendue d’eau claire entourée de montagnes et bordée de rives salées. Loin devant nous, le volcan Ubinas, en éruption lors de notre voyage, crache de gros nuages sombres, menaçants mais follement dépaysants. A ses pieds, des colonnes de sable et de poussière s’élèvent parfois, micro tornades qui s’évanouissent aussi vite qu’elles s’étaient formées.

On s’approche encore pour finalement marcher sur le sel dur qui craque sous les pieds. Les rares touffes de verdure qui poussent au travers sont couvertes de sel et, au cours de la balade, on repère les traces d’un puma passé récemment par là. La lagune, elle, est pleine de vie. Des nuées de flamands roses s’agitent ici, planant à intervalle régulier au-dessus de nos têtes. On marche peu, heureusement car le souffle nous manque rapidement.

On marche peu mais on ouvre grand les yeux. Quelques kilomètres plus loin, de petits cours d’eau échappés du grand lac sillonnent une prairie mousseuse tout en rondeur. C’est ici le royaume des lamas, nombreux, paisibles, et pas tracassés le moins du monde par notre présence. Les couleurs du décor se rehaussent, moins dramatiques, plus douces.

Déjà il est l’heure de repartir, déjà il est l’heure de quitter le toit du monde.

Le coup de cœur de Ptit Jo

L’envol des flamands roses au dessus de larges étendues de sel. Il ne manquait que la visite d’un puma pour nous combler !

Coté pratique

Les activités

Découverte de la réserve en SUV
Cette excursion, peu prisée, a été organisée par Andes Authentiques Tours qui a également organisé nos réservations d’hôtels et nos transports. S’il est possible de voyager seul au Pérou, nous avons jugé qu’en groupe de 7, la gestion des transports en commun serait trop chronophage et avons opté pour la facilité et le confort d’une agence.

Le logement

Hôtel, Arequipa
On ne s’en souvient plus mais ça va revenir !

Les repas

Zigzag Restaurant, Calle Zela 210, Arequipa
Encensé dans tous les guides touristiques, on passe à bon moment dans ce restaurant chaleureux. Les amateurs de viande seront ravis de gouter aux spécialités locales (mais les amateurs de poissons ne seront pas oubliés !) Equipés de grands « bavoirs » en papier, on est parés à recevoir de grands plateaux où les plats crépitent encore sur des pierres chaudes.

Hatunpa, Calle Ugarte 207 – 208 New Place en el Instituto Cultural Peruano Alemán, Arequipa
Une petite enseigne nettement plus abordable en termes de tarifs qui propose une multitude de pommes de terre et de sauces.